10/03/2016 09:51

Bientôt des publicités pour des marques sur les antennes de Radio France?

Le CSA s'est penché mercredi sur un projet de décret qui ouvrirait les antennes de Radio France à toutes les publicités commerciales, mais en réduisant le temps de publicité à l'antenne, a-t-on appris de sources proches du dossiers.

Cette réforme est souhaitée par le président de Radio France, Mathieu Gallet, qui veut développer les ressources du groupe public.

Depuis 1987, les radios publiques ne peuvent diffuser que des "messages de publicité collective ou d'intérêt général". Par exemple, les publicités des groupes publics et parapublics, des mutuelles, les grandes causes ou les campagnes d'informations des administrations. La publicité pour des marques commerciales a toujours été interdite.

Le texte modifierait le cahier des charges de Radio France pour l'autoriser à accueillir tous les annonceurs, sauf les promotions de la grande distribution (qui peuvent représenter plus de 85% des spots sur les radios commerciales), les boissons alcoolisées de plus de 1,2 degré et les secteurs interdits de publicité.

Après l'avis consultatif du CSA, qui devrait être rendu public dans quelques jours, le décret pourrait passer rapidement en Conseil des ministres, selon ces sources.

En contrepartie, il limiterait les durées des publicités en dessous du plafond actuel : les spots ne devraient pas excéder 17 minutes par jour en moyenne annuelle par station, au lieu du plafond actuel de 30 minutes en moyenne, mais qui n'était généralement pas atteint.

Le décret prévoit aussi de nouveaux plafonds de 30 minutes pour un jour donné (par station) et de 3 minutes maximum entre 07H00 et 09H00 en moyenne annuelle. Ce qui reste très inférieur aux radios commerciales, qui peuvent diffuser environ 12 minutes par heure.

Les recettes publicitaires ne représentent que 6% du budget de Radio France, soit environ 42 millions attendus en 2016 sur un budget total de plus de 690 millions, avec un déficit de 16,5 millions.

Radio France est déjà parfois sorti de sa liste d'annonceurs récurrents: en octobre, poursuivi par des radios privées, il a été condamné pour avoir diffusé des publicités de marques coopératives comme Seb ou Kris. Le Tribunal de Commerce a même estimé que les marques prohibées par le cahier des charges du groupe représentaient "plus du quart de ses recettes publicitaires annuelles".

Les grandes radios privées (Europe 1, NRJ, RTL, RMC), réunies au sein du Bureau de la radio, sont farouchement opposées à cette réforme dans un contexte de crise: les investissements publicitaires en radio ont baissé de 2,4% en 2015.

"Radio France a déjà un budget de 690 millions, pour ses 7 stations, alors que les recettes publicitaires totales des radios commerciales sont de 700 millions, qui font vivre plus de 300 radios. Radio France n'a pas besoin de publicité", a estimé Michel Cacouault, président du Bureau de la radio.

Les radios privées souhaitent au moins un plafonnement des recettes publicitaires du groupe public à 42 millions d'euros, avec une "clause de revoyure" en fin d'année en cas de dépassement, ainsi qu'une limitation plus stricte des durées, a-t-il expliqué.

A Radio France, on souligne que l'ouverture à de nouveaux annonceurs ne doit pas conduire à exposer davantage les auditeurs des radios publiques à la publicité et que le groupe veut garder son identité face aux radios commerciales. Mais le régime actuel n'est plus adapté à la réalité du marché, estime-t-il.

Il fait aussi valoir aussi qu'il ne recueille que 4,5% des recettes publicitaires annuelles des radios, en montants nets, et que cette réforme pourrait faire revenir des annonceurs dans le média radio et redynamiser le marché.

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