Le journaliste Romain Bolzinger et son employeur, l'agence Tac Presse, se sont élevés vendredi contre l'examen par la police en 2010 des factures téléphoniques détaillées du reporter dans le cadre d'une enquête pour corruption de fonctionnaire.
"L'agence Tac presse a appris avec stupéfaction que l'un de ses journalistes, Romain Bolzinger, a fait l'objet de nombreuses investigations en violation du secret des sources", a-t-elle indiqué. "Tac Presse et Romain Bolzinger se réservent le droit de porter plainte contre X pour atteinte au secret des sources des journalistes", a-t-elle ajouté.
La cour d'appel de Paris a annulé le 24 février la mise en examen d'un paparazzi présumé dans une affaire de corruption de fonctionnaire de police au motif qu'elle reposait sur l'examen, par l'Inspection générale des services (IGS), des fadettes de M. Bolzinger, en violation de la loi sur le secret des sources des journalistes.
Saisie d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nanterre, la "police des polices" tentait de découvrir l'identité d'un paparazzi qui apparaissait dans un reportage réalisé par M. Bolzinger et diffusé par Canal Plus en mars 2010.
Le reportage indiquait que ce paparazzi monnayait 200 euros avec un fonctionnaire de police une information sur l'immatriculation d'un véhicule appartenant à la journaliste Laurence Ferrari. "Je suis extrêmement choqué de découvrir les moyens utilisés par l'IGS", a déclaré M. Bolzinger.
"Dois-je désormais travailler comme un dealer? Téléphoner avec un téléphone sans abonnement et planquer mes rushes chez une +nourrice+ (terme qui désigne les personnes qui gardent la drogue et l'argent du trafic, ndlr) ?". "C'est extrêmement préoccupant que les pouvoirs publics puissent engager de tels moyens pour un reportage sur les méthodes de la presse people", a-t-il ajouté.
Denis Boutelier, directeur de la rédaction de Tac Presse, a jugé "impératif que de telles pratiques ne puissent se reproduire".
"Au-delà de la protection des sources des journalistes, un principe de base de la capacité d'exercer notre métier, ces pratiques me semblent une grave agression à l'encontre de Romain Bolzinger", a-t-il dit.
L'affaire rappelle celle des fadettes du Monde, qui vaut des poursuites au procureur de Nanterre, Philippe Courroye, en marge du dossier Bettencourt.
Vos réactions
Ce sont, une fois de plus, deux logiques qui s’affrontent :
- d’une part, celle du respect du secret des sources d’un journaliste,
- d’autre part, la mise à jour d’une affaire de corruption de fonctionnaire,
Et les deux sont légitimes : si le secret des sources doit être préservé, il est tout aussi normal de sanctionner un fonctionnaire qui, non seulement, contrevient à son devoir de réserve mais, en plus, monnaie ses services, ce qui constitue une faute lourde.
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