25/07/2011 19:46

Les tabloïds américains bien moins agressifs que les anglais

Par Mariano ANDRAD

La presse populaire à grand tirage américaine est moins agressive que son homologue britannique, jugent des experts interrogés par l'AFP, au milieu de la tourmente qu'affronte l'empire de Rupert Murdoch, propriétaire notamment du Sun britannique et du New York Post. 


"Les tabloïds américains sont différents des tabloïds britanniques. Ils ne vont pas aussi loin", estime Rich Hanley, professeur de communication à l'Université Quinnipiac.  Aux Etats-Unis, la presse à grand tirage "comprend ses lecteurs. Ces derniers veulent des détails, mais il y a quand même une ligne jaune à ne pas franchir", renchérit-il. Qui plus est, au Royaume-Uni la concurrence entre les tabloïds est bien plus féroce qu'outre-Atlantique.  Et même si le FBI enquête sur d'éventuelles écoutes téléphoniques illégales effectuées par des journaux du groupe News Corp., M. Hanley "ne voit pas les médias appartenant à Murdoch aux Etats-Unis, comme le New York Post ou la chaîne Fox News, adopter les mêmes pratiques". 

De fait, les tabloïds américains tentent certes de donner dans le sensationnalisme, "mais cela ne veut pas forcément dire qu'ils ont tous les mêmes pratiques", explique Timothy Karr de l'ONG Freepress, qui a vocation à changer le paysage médiatique.  Bien évidemment, "le scandale serait retentissant" s'il s'avérait que des journalistes de News Corp. ont écouté les conversations téléphoniques de proches de victimes du 11-Septembre. 

Paul Janensch de l'Université Quinnipiac assure que "violer la loi pour obtenir des informations n'est pas une pratique très courante dans le milieu de la presse américain. Il se peut que certains tabloïds vendus en supermarchés flirtent avec les limites de temps en temps, mais ce ne sont pas de vrais +journaux+". 

D'ailleurs, les publications américaines qui se rapprochent le plus des tabloïds britanniques sont en général vendus à la caisse des supermarchés aux Etats-Unis, à l'instar du National Inquirer. Ce sont des hebdomadaires ou des mensuels et leur principale cible sont plutôt les stars, rappelle M. Janensch. 

"Bien que certains médias américains appartenant à News Corp. remportent un certain succès, comme Fox News, Fox Broadcast Network et 20th Century Fox, les tentatives de Murdoch pour faire ressembler les journaux américains à leurs homologues britanniques +populaires+ ont échoué", insiste-t-il. 

Le Chicago Sun-Times et le Boston Herald-American, deux journaux locaux qui ont connu un tournant sensationnaliste lorsqu'ils ont été rachetés par Rupert Murdoch n'ont d'ailleurs pas rencontré le succès escompté et M. Murdoch les a revendus. 

Le New York Post a lui aussi été racheté par News Corp., en 1993, mais le quotidien "perd de l'argent", souligne Paul Janensch.  Depuis la fermeture soudaine de News of the World et le scandale des écoutes téléphoniques, les tabloïds américains cherchent à se distancier de l'image donnée par le groupe de M. Murdoch. 

"Difficile de croire que Rupert (Murdoch) et les autres ignoraient tout", écrivait le Daily News, grand concurrent du Post à New York, au lendemain de l'audition de M. Murdoch, son fils James et Rebekah Brooks, l'ex-directrice de News International, par des députés britanniques. 

Pour Timothy Karr de l'ONG Freepress, le scandale qui a éclaté au Royaume-Uni a poussé les tabloïds américains à se remettre en question. "Ils ont compris qu'ils devaient faire plus attention.

Le grand public est désormais plus conscient que certaines de leurs pratiques peuvent être illégales, mais je ne pense pas que les tabloïds américains vont changer".

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