03/11/2006 02:22

Télérama décortique le système Courbet

Télérama décortique cette semaine le système Julien Courbet dans une enquête très complète à lire dans le magazine.

Voici quelques extraits

Depuis 12 ans “Sans aucun doute” traque l’arnaque, sur TF1. Ressorts et ficelles de cette supposée cour de justice et de son président omnipotent Julien Courbet. (...)

 L’arme fatale de Julien Courbet ? Le téléphone. Sa troupe d’élite ? Un commando d’avocats spécialisés. Il n’en faut pas plus pour que ça marche : 40 % de part d’audience en moyenne ! Quoi d’étonnant au fond ? La télévision salvatrice, c’est fascinant, surtout quand sa mécanique ne laisse rien au hasard. Démonstration.
 
(...)  Le reportage qui présente chaque affaire abordée (quatre à six par émission) en rajoute sur la détresse psychologique du témoin, et se doit d’inclure la fameuse séquence « aquatique » qui montre la victime seule, les yeux embués, au bord d’une rivière (un étang à la rigueur) ou face à la mer…
 
Deuxième étape, en plateau : obtenir si possible un torrent de larmes, voire une crise de nerfs, à coups de questions faussement anodines. Rien de plus efficace pour susciter la compassion du public et justifier le branle-bas de combat qui va suivre. Et pour doper l’émotion du spectateur, on inclura au moins une affaire intrafamiliale (divorce chaotique, conflit d’héritage, etc.) : elle touchera tout le monde, surtout si elle implique des enfants… La récompense de Julien ? Les sourires, le soulagement, les larmes de bonheur de ses protégés… et, surtout, l’assurance, obtenue face caméra avec force questions orientées, que l’émission a « changé [leur] vie », qu’elle leur offre « un nouveau départ ».
 
Dans SAD, le manichéisme est de rigueur. Julien Courbet a beau introduire des conditionnels, user d’une extrême politesse, préciser que tous les voyants ne sont pas des escrocs et que la plupart des assureurs font bien leur boulot, le dispositif suffit à définir les rôles : la victime est sur le plateau, le « méchant » au téléphone ; une voix désincarnée ne saurait inspirer la même empathie qu’un témoin de chair et d’os. La pseudo-instruction se fait principalement à charge. Le reportage enfonce le clou, avec des confrontations en caméra cachée et voix déformées uniquement destinées à faire grimper la tension. (...)
 
Les superhéros de SAD se jouent des contraintes de l’espace et du temps. Présents partout et à tout moment (magie des duplex), ils transforment les heures en secondes (magie d’un montage qui réduit un minimum de huit heures de négociations téléphoniques en cent trente-cinq minutes d’émission) et n’hésitent pas à remonter le temps (grâce à un recyclage intensif des sujets déjà diffusés).
 
Dans ce curieux maelström, le téléspectateur non concentré aurait tôt fait de perdre pied. Pourquoi le même témoin change-t-il deux fois de tenue dans la même émission ? Sommes-nous en direct, s’agit-il d’une rediffusion, d’un mélange des deux ? Pas de panique : l’essentiel ne peut vous échapper. Entre les teasers d’avant-pub, le sujet lui-même, les résumés d’après-pub, le rappel des faits en images, une même séquence frappante (crise de larmes, propos vengeurs, photo de grand brûlé) repassera jusqu’à huit fois. Quand on aime, on ne compte pas.
 
(...)  Dans SAD, la victime ne souffre pas, elle vit « un calvaire », ou « un enfer ». Le repentant est assuré d’obtenir, sinon le pardon, du moins la gratitude d’un Julien Courbet magnanime. Mais si le méchant nie sa faute, la foudre cathodique s’abattra sur lui. Bref, on barbote dans une morale très manichéenne. Le grand prêtre de cette édifiante cérémonie semble pourtant céder à une étrange fascination pour le côté obscur. Sinon, comment expliquer qu’il produise et anime une autre collection d’émissions (Les 40 arnaques les plus spectaculaires), tout à la gloire des escrocs de haut vol ? Le Zorro du PAF souffrirait-il de schizophrénie ?

Dans Sans aucun doute, l’institution judiciaire n’existe qu’en tant qu’épouvantail. (...)
Dans Sans aucun doute, l’institution judiciaire n’existe qu’en tant qu’épouvantail.
 
(...) Les longues explications et les mises au point pédago-juridiques de maître Didier Bergès, pilier historique de SAD, c’est fini. Disparus aussi, les débats contradictoires en plateau. L’extrême personnalisation des cas exclut toute possibilité d’en tirer des leçons à portée générale, et les avocats présents préfèrent l’imprécation au cours de droit. La plupart des transactions se négocient magiquement en coulisses, avec le Merlin l’enchanteur de l’émission, Bernard Sabbah. Bref, on n’apprendra pas à se défendre devant SAD. Tout juste pourra-t-on espérer tomber sur un cas similaire au sien, qui sera dénoué en deux, trois appels bien choisis. Et si votre histoire reste désespérément singulière, demeure toujours la possibilité d’écrire à votre persécuteur une belle lettre comminatoire se terminant par cet avertissement sans appel : « Si vous ne faites rien pour moi, j’appelle Julien Courbet. » Et parfois, ça marche, sans même qu’on soit obligé d’aller sangloter devant les caméras. C’est, sans aucun doute, le plus incroyable pouvoir du roi de la télé justicière.
 
Isabelle Poitte et Sophie Bourdais

 

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Vos réactions

Portrait de MILPAT
3/novembre/2006 - 09h38

Règlement de compte
que JMM utilise son site pour régler ses comptes avec Julien Courbet en relayant gentillement TELERAMA n'est pas à son honneur. Un peu de retenue, JMM, svp. (au fait, et les articles qui vous sont défavorables, ou sont-ils ????)

Portrait de Valou77
2/novembre/2006 - 13h45

12 ans déjà ?
comme le temps passe

moi il m'arrive de regarder mais la plupart du temps, je m'endors devant...

...jusqu'à ce que je sois réveillée en sursaut par une avocate pénaliste hystérique dont je ne me souviens plus le nom...

...et c'est là que j'éteins carrément ma télé.

Portrait de JUJUDU83
2/novembre/2006 - 12h24

perso...
...je suis fan de julien courbet dc je trouv que cet article amplifie les choses tel quel sont.Il fait du très bon boulot dans "sans aucun doute",il règle des affaires souvent complèxes qui sans lui et ses avocats ne seraient pas résolus.Un grand bravo a mr Courbet et qu'il continue.

Portrait de JICELYN
2/novembre/2006 - 11h48

Pour JMM
Qu'en est-ce que tu vas inviter Julien Courbet dans ton émission (sur Europe ou sur Direct8)?
Je l'ai déjà entendu une fois dans ton émission... ça chauffait grave! Il t'accusait de t'attaquer à lui sans lui donner l'occasion de se défendre... comme il te tutoyait, je suppose que vous vous connaissez bien...
Alors, après Baba et Fonfon,puis Evelyne Thomas, à quand les réconciliations en direct de Morandini et Courbet?

Portrait de Sheppard
1/novembre/2006 - 23h36

Petit reglement de comptes entre amis
Je suis toujours outré du parti pris des journaux .
je regarde SAD mais je sais ce que c'est et j' en souris mais j' adore Julien Courbet .

Cette article est nulle et il juge de loin , la télé c'est aussi de l' émotion meme si c'es des fois trop .
je vous rappelle quand meme que Courbet sort de la merde des gens qui sont limite au bord du précipice et les gens qui ont été par lui savent vraiment ce qu' est l' emission et c'est eux qu 'il faut écouter .

On fait de la télé zut , le " pathos " c'est normal enfin ...

Portrait de SébCémoua
1/novembre/2006 - 21h43

Rien de rare
Moi j'aime bien regarder SAD et je ne suis pas duppe pour autant. je sais bien que c'ets tres romancé et manicheen.
Et les telespectateurs sont pas si con ont arrive tres bien a lire entre le slignes et a voir les ficelles.
Je trouve pas que cette article nous revele grand chose. il reste bien surperficielle et a la porté d'analyse de n'importe qui regarde cette emission.

Portrait de ZAPTV
1/novembre/2006 - 15h01

ENFIN !!!
Je n'ai jamais compris pourquoi personne navait dénoncé ce systeme a la Courbet auparavant

c'est tellement affligeant sa pseudo emotion sur des effets visuelles a 2 balles avec la musique de "Requiem for a dream" pour donner + d'effet

Dans l hisoire le temoin est plus la victime de lemission que de sa propre histoire