29/04/2011 10:02

Mariage: Une union hyper médiatisée dans le monde

Par Isabelle DENIEUIL

"So british", le mariage de Kate et William fait tourner la tête des médias français, avec une avalanche d'éditions spéciales, une chaîne sur You Tube et de grandes messes télévisuelles: un traitement médiatique jugé excessif mais qui répondrait à un engouement du public.

"Cet engouement médiatique est certes excessif mais il n'est pas étonnant. C'est une logique à la fois de presse écrite, de web, de radio, de télévision qui s'alimentent les uns les autres", relève Virginie Spies, sémiologue à l'Université d'Avignon, interrogée par l'AFP.

Dans la France républicaine, la royauté britannique, avec qui ce ne fut pas toujours l'entente cordiale continue de susciter une curiosité bienveillante: "Comment Kate et William se sont-ils rencontrés ? Quel est le caractère de Kate ? Quand vont-ils accéder au trône? Jusqu'où ressemble-t-elle à Diana? Qu'en pense la reine? Et combien ça va coûter?

Autant de questions qui taraudent les médias depuis des semaines", relève le blog d'analyse des médias, Semiologue. "Pour une partie de la population, la couverture de ce mariage peut paraître excessive, pour une autre cela peut paraître légitime, nuance Denis Muzet, sociologue et président de l'Institut Médiascopie.

"Dans un contexte de crise économique, le déploiement de tels fastes a quelque chose d'indécent. Mais en réalité, ce ne sont pas tant les médias que la Couronne d'Angleterre qui est en cause, car elle n'existe au fond qu'à travers son rayonnement et au-delà des frontières grâce à sa communication", ajoute-t-il.

Tout comme ce fut le cas pour la mort de la princesse Diana ou celle du pape Jean Paul II, le mariage d'un prince et d'une jeune femme est un des moments partagés à l'échelle de la planète entière, un événement mondialisé.

"Toute la planète est réunie par delà les langues, les cultures et même parfois les fuseaux horaires. Ce sont de rares moments de communion fervente. On comprend donc que les médias préparent l'opinion avant l'événement, un peu comme on invite les gens à communier le dimanche", souligne Denis Muzet.

"Des gens du monde entier se mettent devant le petit écran pour partager ce moment exceptionnel". "Nos religions des temps modernes, cathodiques, sont ponctuées ainsi de grands rites planétaires, que sont ces types d'événements: cela peut être aussi un deuil ou la victoire d'une équipe de football lors d'une Coupe du monde".

Pour Virginie Spies, "l'engouement médiatique était tout à fait prévisible". "Ce sera la même chose pour le mariage du prince Albert de Monaco et de Charlene, prévu en juillet", prédit-elle. "Il y a l'aspect mariage, amour et rêve. Un aspect intéressant pour les médias, car cela permet de vendre du bonheur, de parler du bonheur".

"Il y a l'ombre de Diana, c'est pour cela que l'on peut mettre ce mariage en parallèle avec celui du prince Albert de Monaco, car il y a dans les deux cas l'ombre de la mère disparue dans des conditions tragiques, cela alimente le récit médiatique".

"Selon que l'on veut voir dans cet évènement une offense à ceux qui souffrent ou une trêve de bonheur dans un monde en difficulté, on peut juger soit que les médias en font trop avec le mariage princier, soit qu'ils font juste ce qu'il faut", résume Denis Muzet.

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