10/04/2011 16:52

C+: Des jeunes enrôlés par leurs parents contre l'avortement

Les militants contre l'avortement sont prêts à tout pour défendre leur cause, quitte à enrôler leurs enfants dans leurs actions, comme l'ont constaté Caroline Fourest et Fiammetta Venner dans un documentaire diffusé lundi sur Canal+. 

L'émission "Spécial investigation" (22h40) sur la chaîne cryptée décrit les  méthodes de ces organisations en France et outre-Atlantique.  Aux Etats-Unis plus qu'ailleurs, les enfants sont mis à contribution pour diffuser les messages des militants. 

En Floride, la petite ville d'Ave Maria, fondée en 2007, réunit des catholiques, fervents pratiquants, tous très engagés dans la lutte contre l'avortement. Tom Monaghan, son créateur, est à l'origine de la fondation Legatus, mécène du Vatican et de diverses organisations anti-IVG. 

Le documentaire analyse les liens entre cet homme, l'une des plus grosses fortunes américaines, et les mouvements catholiques intégristes, présents aussi bien aux Etats-Unis que dans le monde entier. Les réalisatrices ont également rencontré les membres de la secte "Word of God", à laquelle il appartient, dans une séance de transe saisissante. 

Devant le planning familial de Naples, une ville voisine d'Ave Maria, les enfants se relayent, le jour pour distribuer leurs tracts et la nuit pour prier. Depuis 1997, un seul médecin pratique les avortements, son dernier collègue ayant cédé aux menaces des activistes. 

En France, où, selon les journalistes, le nombre des centres IVG a diminué d'un tiers ces dix dernières années, les associations anti-avortement copient le modèle américain.

Distribution de ballons, manifestations, les enfants accompagnent leurs parents dans les cortèges et tiennent un discours rodé. 

"On a utilisé mon enfance et mon innocence pour aider l'organisation et la préparation de commandos", témoigne Marie-France Fontana-Benaim, 35 ans.

Sa mère a fondé en 1987 l'organisation "La trêve de Dieu", dont les membres s'enchaînaient dans les centres IVG. Elle a grandi dans ce milieu avant de s'en détacher.  Les enfants de militants ne sont pas les seuls concernés par cette propagande.

En novembre dernier à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), un enseignant a été suspendu pour avoir projeté à ses élèves une vidéo anti-avortement très violente. 

"Je pense que le but est de faire peur (avec des vidéos), en croyant faire de la prévention, mais c'est un mauvais moyen", explique Nicole Roussel, présidente du planning familial de Toulon (Var). Selon elle, les jeunes qui ont été nourris à ces discours poussent eux aussi parfois la porte du planning familial.

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