15/12/2022 07:31

Une tentative de conciliation entre l'essayiste d'extrême droite Alain Soral et une journaliste l'accusant d'avoir eu à son encontre des propos homophobes a échoué hier devant un tribunal suisse

Une tentative de conciliation entre l'essayiste franco-suisse d'extrême droite Alain Soral et une journaliste l'accusant d'avoir eu à son encontre des propos homophobes a échoué hier devant un tribunal suisse, la plaignante souhaitant aller "jusqu'au bout". De son vrai nom Alain Bonnet, M. Soral, qui réside à Lausanne depuis octobre 2019, avait été condamné en avril à trois mois de prison ferme par ordonnance pénale par le procureur général du canton de Vaud (ouest de la Suisse) Eric Cottier pour "diffamation, discrimination et incitation à la haine".

Cette condamnation faisait suite à la diffusion d'une vidéo où Alain Soral attaquait la journaliste Cathy Macherel, du quotidien la Tribune de Genève, qui lui avait consacré un article en août 2021. Dans cette vidéo diffusée sur le site internet de son association Egalité et Réconciliation, M. Soral l'avait traité de "grosse lesbienne militante" et de "queer", un terme qu'il veut synonyme de "désaxé".

Ayant fait opposition à la décision du procureur (lesquels, en Suisse, ont le pouvoir de condamner à des peines allant jusqu'à six mois de prison), l'essayiste, 64 ans, est passé mercredi devant un juge du tribunal de police de Lausanne.

Lors de cette audience publique, M. Soral a affirmé n'avoir "pas de haine anti-homosuexelle" et a qualifié sa vidéo de "droit de réponse".

Sans véritablement formuler d'excuses, il s'est dit "désolé" d'avoir fait de la peine à Mme Macherel et a expliqué que le ton de sa vidéo s'expliquait notamment par le fait qu'il était au moment des faits "fragilisé psychologiquement" en raison de problèmes de santé.

Il a reconnu le ton "trop virulent" de cette vidéo et s'est dit prêt à la retirer ainsi que les commentaires des internautes, suggérant une conciliation. La présidente du tribunal, Malika Turki, a saisi au vol cette offre, mais la journaliste a dit vouloir "aller jusqu'au bout". "Pour moi le mal est fait. C'est à la justice de trancher sur cette affaire", a-t-elle dit.

Pendant l'audience, M. Soral, dont la défense a plaidé l'acquittement, a affirmé faire l'objet "d'une campagne de dénigrement, de harcèlement, notamment de la part de la Tribune de Genève et de la communauté LGBT" depuis son arrivée à Lausanne et a accusé Mme Macherel - qui a co-fondé il y a plusieurs années le magazine LGBT+ 360° - d'agir en tant que "militante".

En avril, le procureur général avait estimé que "les propos tenus par le prévenu" à l'encontre de Mme Macherel "sont profondément homophobes et incitent à la discrimination en raison de l'orientation sexuelle de la plaignante et, plus généralement, des personnes homosexuelles". Le verdict est attendu vendredi.

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