27/06/2022 12:02

Le procès de Jean-Marc Reiser, assassin présumé de Sophie Le Tan, s'ouvre aujourd'hui devant les assises du Bas-Rhin - Retour sur les faits - VIDEO

Le procès de Jean-Marc Reiser, assassin présumé de Sophie Le Tan, s'ouvre aujourd'hui devant les assises du Bas-Rhin, avec un sexagénaire retors qui a mis plus de deux ans à avouer le meurtre en 2018 de l'étudiante de 20 ans dont le cadavre démembré a été découvert par hasard dans la forêt.

Assassinat avec un piège minutieusement préparé pour attirer des jeunes femmes seules à la recherche d'un appartement? Ou, comme il le maintient, meurtre sous le coup de la colère après des avances refusées?

Les jurés, qui seront tirés au sort dès le début de l'audience à 14H00, auront jusqu'au 5 juillet pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé le 7 septembre 2018 à Schiltigheim, commune limitrophe de Strasbourg.

"De toutes façons, il ne nous dira pas la vérité" mais "les faits sont dramatiquement accablants", considère Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan. Celle-ci "vit ce drame depuis quatre ans de manière catastrophique et a beaucoup de mal à faire le travail de deuil, compte-tenu des circonstances atroces de la mort de Sophie".

Décrite par ses proches comme une jeune fille sans histoire, sérieuse et aimable, Sophie Le Tan a disparu le jour de son vingtième anniversaire le 8 septembre 2018. Elle s'était rendue le matin à une visite d'appartement et ses proches n'ont plus réussi à la joindre ensuite. Excluant d'emblée le scénario de la fugue, ils se sont inquiétés très rapidement.

Leurs appels sur les réseaux sociaux, parallèlement aux recherches policières, ont fait réagir d'autres étudiantes qui avaient répondu à la même annonce de location, mais n'avaient jamais vu personne arriver: Jean-Marc Reiser aurait, selon l'enquête, épié le point de rendez-vous depuis chez lui, sans donner suite quand les jeunes femmes étaient accompagnées.

Par ces témoignages et grâce à la téléphonie, la piste est rapidement remontée jusqu'à cet homme, déjà condamné pour viols en 2003 et acquitté faute de preuve dans une autre affaire de disparition en 2001. Celui qui a déjà fait face à quatre procès d'assises est interpellé le 15 septembre 2018.

Les perquisitions dans son appartement montrent d'importantes traces de sang soigneusement effacées et l'ADN de la victime sur une scie dans sa cave.

Si ses explications évolueront au fur et à mesure des interrogatoires, Jean-Marc Reiser niera être impliqué dans la mort de Sophie Le Tan malgré les preuves accablantes, jusqu'à des aveux inattendus en janvier 2021. Soit plus d'un an après la découverte par des promeneurs du squelette incomplet de l'étudiante dans une forêt du Bas-Rhin en octobre 2019.

Si l'accusé évoque des coups et une chute, l'état du corps de la victime n'a pas permis de déterminer la cause de la mort ni d'éventuelles violences sexuelles.

"Il y a un avant et un après ces aveux", considère Me Pierre Giuriato, l'un des avocats de Jean-Marc Reiser, pour lequel le "déni systématique" maintenu pendant plus de deux ans par son client, très au fait de son propre dossier, "n'était pas une position qui pouvait être tenue sur le long terme".

L'avocat, qui le défendra aux côtés de Me Francis Metzger, espère que son client sera "dans de bonnes dispositions" pour s'expliquer sur les "zones d'ombre" de l'affaire et non "crispé sur des incohérences" comme il a pu l'être par le passé.

Après la lecture de la synthèse de "l'affaire Sophie Le Tan", la première après-midi du procès de même que la journée de mardi seront consacrées à l'étude de la personnalité de Jean-Marc Reiser, avec les témoignages de proches et d'anciennes compagnes.

Elevé en Alsace et Lorraine au gré des mutations d'un père garde-forestier et alcoolique, l'accusé, éternel étudiant après divers emplois dans une vie ponctuée de séjours en prison, a été condamné en mai pour subornation de témoin à l'égard de son ancienne compagne, qui a décrit les coups et les colères émaillant leur relation.

Le sexagénaire, décrit comme "narcissique" et "très sûr de lui" selon des experts, est isolé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Strasbourg depuis trois ans et demi. Il sera interrogé sur le fond de l'affaire vendredi.

Jugé en récidive légale, il encourt la perpétuité.

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