21/06/2022 07:44

Le rédacteur en chef russe d'un journal d'investigation, Dmitri Mouratov, a vendu aux enchères sa médaille de prix Nobel de la paix pour... 103,5 millions de dollars, au profit des enfants en Ukraine

Le rédacteur en chef russe du journal d'investigation indépendant Novaïa Gazeta Dmitri Mouratov a vendu aux enchères sa médaille de prix Nobel de la paix 103,5 millions de dollars, au profit des enfants déplacés par le conflit en Ukraine. M. Mouratov avait remporté le prestigieux prix en 2021, aux côtés de la journaliste philippine Maria Ressa, le comité les honorant "pour leurs efforts visant à préserver la liberté d'expression".

Il l'avait dédié à son journal Novaïa Gazeta et à ses collaborateurs "morts en défendant le droit des gens à la liberté d'expression". La vente, qui se déroulait à New York, a été très animée, ponctuée de nombreux applaudissements et stimulée par les enchérisseurs qui s'encourageaient les uns les autres pour tirer la vente vers le haut.

Le montant de la vente, décrochée par téléphone par un enchérisseur dont l'identité n'a pas été dévoilée, sera reversé au programme de l'Unicef consacré aux enfants ukrainiens déplacés par la guerre, selon Heritage Auctions, qui s'est chargé de la vente. Lorsque l'offre finale est tombée, augmentée de dizaines de millions de dollars par rapport à la précédente, la salle a été prise de stupéfaction, y compris M. Mouratov lui-même.

Son choix de l'Unicef comme bénéficiaire des fonds était motivé par le souci "essentiel pour nous que cette organisation n'appartienne à aucun gouvernement", mais puisse "travailler au-dessus", sans "frontières". Dmitri Mouratov fait partie des fondateurs du journal Novaïa Gazeta en 1993 après la chute de l'Union soviétique et en a dirigé la publication de façon quasi continue depuis.

Connu notamment pour ses enquêtes sur la corruption et les atteintes aux droits humains en Tchétchénie, le tri-hebdomadaire est devenu cette année le dernier grand journal à critiquer le président Vladimir Poutine et ses tactiques à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Novaïa Gazeta a annoncé fin mars suspendre ses publications en ligne et au format papier en Russie jusqu'à la fin de l'intervention en Ukraine, en plein durcissement du Kremlin contre les voix dissonantes. "Il n'y a pas d'autre solution.

Pour nous, et, je le sais, pour vous, c'est une décision terrible et douloureuse. Mais il faut que nous nous protégions les uns les autres", avait alors écrit M. Mouratov dans une lettre adressée aux lecteurs du journal. Selon lui, sa rédaction avait poursuivi son travail pendant 34 jours "dans les conditions d'une censure militaire", depuis le lancement de l'offensive russe.

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