13/06/2022 10:31

Un journaliste tunisien a été placé en garde à vue par la justice militaire qui a ouvert une enquête après ses déclarations sur l'armée tunisienne à une télévision arabe

Un journaliste tunisien a été placé en garde à vue par la justice militaire qui a ouvert une enquête après ses déclarations sur l'armée tunisienne à une télévision arabe, a indiqué dimanche à l'AFP son avocat Samir Ben Amor. Le parquet militaire a ouvert une information judiciaire contre Salah Attia, journaliste dans un quotidien local, à la suite de propos tenus vendredi sur la chaîne qatarie Al Jazeera, a précisé Ben Amor.

Le journaliste y a affirmé notamment que le président Kais Saied avait "demandé officiellement à la force militaire d'intervenir contre l'Union générale tunisienne du travail", la puissante centrale syndicale UGTT, et d'encercler ses locaux avant une grève générale prévue le 16 juin. Selon ce journaliste, qui s'oppose au coup de force de M. Saied du 25 juillet 2021, l'armée aurait informé l'UGTT de son refus face à cette demande du président.

"On dirait que nous sommes dans les derniers jours du régime du (président déchu Zine el Abidine) Ben Ali", a encore dit le journaliste sur Al Jazeera pour décrire la situation en Tunisie. A la suite de ces déclarations, le journaliste a été interpellé par la justice militaire qui a décidé samedi de le placer en garde à vue quand il a refusé de dévoiler ses sources, selon son avocat.

Le journaliste est soupçonné notamment "d'avoir porter atteinte à l'armée", et d'"inciter les Tunisiens à la violence", d'après son avocat. Il sera déféré lundi devant un juge militaire qui pourrait le placer en détention provisoire.

Samedi, l'UGTT a démenti dans un communiqué des "déclarations mensongères" du journaliste.

M. Attia n'est pas le premier journaliste poursuivi par la justice militaire. En avril, un journaliste de télévision a été condamné à quatre mois de prison pour "offense" envers le chef de l'Etat, après être intervenu dans une émission télévisée. Il a fait appel et est en liberté en attendant la suite de la procédure.

Des ONGs locales et internationales ont régulièrement dénoncé ces dernières années les poursuites judiciaires engagées contre des civils par des tribunaux militaires, estimant qu'elles se sont intensifiées depuis le coup de force le 25 juillet du président Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs.

Des députés du Parlement dissous par le président ont également été poursuivis par la justice militaire.

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