04/10/2021 09:41

Abus sexuels : La cour d'appel de Paris a jugé "régulière" la plainte en diffamation de l'ex-président du syndicat étudiant Unef contre Libération

La cour d'appel de Paris a jugé "régulière" la plainte en diffamation de l'ex-président du syndicat étudiant Unef contre Libération pour un article de 2018, renvoyant l'affaire devant le tribunal pour un procès, a appris l'AFP auprès des avocats. Le 19 février 2018, Libération avait publié les témoignages de femmes faisant état d'abus sexuels au sein de l'Union nationale des étudiants de France (Unef).

Jean-Baptiste Prévost, président entre 2007 et 2011, avait porté plainte peu après. En décembre 2020, le tribunal avait cependant estimé que la plainte était invalide pour une raison de procédure.

Le plaignant avait fait appel et la cour lui a donné raison dans un arrêt du 8 septembre. "C'est une bonne nouvelle", a réagi le conseil de M. Prévost, Me Sophie Obadia.

"Cela va nous permettre enfin d'aborder le fond, d'avoir un vrai procès avec un examen croisé des arguments de Libération". "Cela nous permettra d'évoquer ce dossier sur le fond", a aussi déclaré l'avocat du quotidien, Me Charles-Emmanuel Soussen, "les témoins qu'on avait fait citer (...) viendront et cette fois seront entendus".

L'enquête publiée par Libération décrivait une organisation où les jeunes militantes étaient la cible de pressions insistantes, notamment sous la présidence de Jean-Baptiste Prévost marquée, selon le journal, "par une multitude de dérives". L'Unef était "un terrain de chasse sexuelle", écrivait Libération.

Deux femmes relataient par ailleurs un viol en 2014 et 2016 par un membre de la direction du syndicat, désigné par son prénom : "Grégory T".

Quatre militantes racontaient aussi des agressions sexuelles de la part d'un autre syndicaliste, appelé "A", en 2007, 2008 et 2013, ainsi qu'un viol en 2015. M. Prévost vise dans sa plainte sept passages qu'il juge diffamatoires et dénonce aussi le fait d'être "le seul à être nommément mis en cause avec sa photo en gros plan".

L'avocat de Libération défend un "enquête extrêmement sérieuse" avec "trois mois de travail, une quarantaine d'interviews", des "témoignages recoupés".

Peu après l'explosion de l'affaire Weinstein et du mouvement #Metoo, Le Monde avait publié, trois mois avant Libération, un article décrivant un "système de violences sexistes" au sein de l'organisation.

Le même jour, 83 anciennes militantes ou cadres avaient signé une tribune dénonçant des violences sexistes et sexuelles.

Le procès n'aura pas lieu avant plusieurs mois. Prévu sur trois demi-journées, il devait être l'occasion d'entendre douze anciens membres du syndicat, cités par la partie civile et la défense.

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