24/12/2020 15:02

Pour accueillir un maximum de fidèles et maintenir les célébrations de Noël malgré les restrictions sanitaires, les paroisses de France bousculent traditions et décorum

Messes démultipliées, réservations en ligne, location de salle polyvalente ou de terrain de basket : pour accueillir jeudi un maximum de fidèles et maintenir les célébrations de Noël malgré les restrictions sanitaires, les paroisses de France bousculent traditions et décorum.

"Mon cœur de prêtre est en souffrance, on va faire beaucoup de déçus ce soir-là", avertit le père Pascal Marie, de l'Eglise Sainte-Catherine de Honfleur dans le Calvados.

Avec une capacité normale de 600 places, son église normande tout en bois attire chaque Noël jusqu'à 900 fidèles, dont de nombreux Parisiens venus passer les fêtes en Normandie. Jeudi soir, ce sera "120 ou 130 maximum".

La jauge de présence maximale fixée depuis le 3 décembre par le ministère de l'Intérieur pour les lieux de culte prévoit un rang sur deux et deux places de libres entre chaque famille. Libre aux 13.000 paroisses de France de s'organiser.

Le père Pascal, sans renfort ce soir-là, a donc décidé de se lancer seul dans un marathon de célébrations de la Nativité. "D'habitude, on a deux messes, une à 17H00 et une à 19H00 et on a décidé d'en rajouter une troisième à 22H00". Et cela ne suffira pas, s'inquiète-t-il, occupé à imprimer un "mot d'excuse".

"On va remettre un petit papier à toutes les personnes qui ne peuvent pas rentrer pour leur dire qu'on pense à eux, qu'on va prier pour eux".

Pour gérer le flux de fidèles, d'autres paroisses ont opté pour la réservation en ligne. Il existe désormais une application dédiée, "lamesse.app", développée pendant la crise par un jeune prêtre parisien féru d'informatique.

A Strasbourg, l'Eglise Saint-Pierre-le-Jeune, en plein centre-ville, s'en sert depuis l'été. "Avec une jauge fixée à 120, nous sommes complets moins d'une semaine après la mise ligne des horaires de messes", explique à l'AFP Marie Conrath, secrétaire de la paroisse.

A Honfleur, le père Pascal n'a pas "voulu rentrer dans le système de réservations, c'est quand même particulier de dire +toi tu rentres+, +toi tu ne peux pas+", estime-t-il.

Pour maintenir la tradition d'accueil, d'autres paroisses, notamment celles des petites églises et chapelles de France où ne s'alignent que quelques bancs déménageront.

A Canohès, près de Perpignan, l'abbé Pierre Téqui, s'est fait prêter par la mairie la salle polyvalente. "L'idée est de faire quelque chose d'accueillant et de rigoureux", dit le jeune abbé.

"Les paroissiens ont fait des décorations à la fois festives et avec des croix, ça sera bien éclairé, on a déménagé notre orgue numérique et on va être très rigoureux sur le placement, sans non plus faire trop +brigade sanitaire+".

- Palais des sports -

A Levallois-Perret, dans la banlieue ouest de Paris, l'Eglise Saint-Justin, la seule paroisse catholique de cette ville de 65.000 habitants, le curé met aussi la main aux derniers préparatifs avant une inédite transhumance de Noël... vers le terrain de basket du palais des Sports Marcel-Cerdan de la ville, réservé depuis La Toussaint.

"On a tout organisé comme si on était dans une église. L'enjeu c'est de rassurer les personnes, de montrer qu'on peut fêter Noël encore comme d'habitude", dit le Père Jacek Mleczko qui enchainera sur le parquet en bois luisant la célébration de deux messes, en présence de 750 personnes.

La mairie, déjà habituée à ce genre de demandes de prêt de salles de la part des communautés musulmanes et juives, n'a pas sourcillé.

"C'est notre vision de la laïcité : de pouvoir permettre à tout le monde de pouvoir exprimer son culte dans les meilleures conditions", explique à l'AFP Valentin Marsal, collaborateur de la maire.

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