02/08/2020 12:31

La justice espagnole maintient la suspension du projet de fusion des activités européennes du groupe de télévision italien Mediaset

La justice espagnole a maintenu la suspension du projet de fusion des activités européennes du groupe de télévision italien Mediaset, accédant à la demande de Vivendi qui s'oppose farouchement à l'opération. Ces derniers mois, les justices italienne et néerlandaise avaient en revanche rejeté les recours du géant français des médias Vivendi. Le litige espagnol est donc le dernier frein à ce projet dont l'objectif est, à terme, de fédérer les grands acteurs européens de la télévision afin de mieux lutter contre les plateformes numériques comme Netflix.

En octobre, Vivendi avait obtenu d'un tribunal madrilène la suspension provisoire des résolutions adoptées lors d'une assemblée générale extraordinaire des actionnaires de Mediaset et Mediaset Espagne, destinées à permettre la création d'une holding européenne. Vivendi, deuxième actionnaire de Mediaset, avait fait valoir que ces accords lui imposait de manière "abusive" ce projet de fusion. Mediaset España a ensuite demandé la levée de cette suspension, au motif qu'une nouvelle assemblée générale, organisée le 5 février, avait modifié les points considérés comme litigieux par Vivendi. Le tribunal de commerce de Madrid, après une audience le 1er juillet pour départager les deux parties, a décidé de rejeter la demande de Mediaset et donc de prolonger la suspension provisoire du projet de fusion, selon la décision consultée par l'AFP.

Le juge estime que les modifications faites par Mediaset España lors de l'AG du 5 février "désactivent le possible caractère abusif de certains des termes (du projet de fusion) mais pas de tous" et que certaines modalités de vote des décisions restent problématiques. La décision est susceptible d'appel. Mediaset a vivement réagi, dénonçant dans un communiqué le "grave préjudice" causé par cette décision. "Mais étant donné que la naissance d'un nouveau diffuseur pan-européen est objectivement rendue encore plus nécessaire par le nouveau scénario économique, Mediaset représentera le plus rapidement possible cette opération sur de nouvelles bases", a ajouté le groupe italien. Il a critiqué "une manoeuvre dilatoire" de Vivendi qui a acheté "seulement 1% des actions de Mediaset Espana après l'annonce du projet de fusion pour le dénoncer immédiatement après". "Pourquoi entrer dans une société si l'on n'est pas d'accord avec ses stratégies?", s'interroge le groupe de la famille Berlusconi.

"L'objectif unique de Vivendi est celui de défendre les intérêts des minoritaires", a déclaré le président du directoire de Vivendi Arnaud de Puyfontaine lors de la présentation des résultats du groupe jeudi soir. "Nous considérons qu'avec Mediaset il y aurait toujours la possibilité d'avoir une vision commune de ce qui pourrait être un projet commun", a-t-il ajouté, disant espérer "que nous puissions établir des relations d'une nature très différente de ce qu'elles ont été depuis quelques mois". Mediaset veut fusionner ses activités italiennes, espagnoles et sa participation de 15,1% dans l'allemande ProSiebenSat.1, dans une société de droit néerlandais. Vivendi s'est opposé à ce projet qui doit aussi permettre à la famille Berlusconi de renforcer largement son contrôle sur le groupe, au détriment du français. Les deux groupes s'affrontent devant les tribunaux depuis plus de trois ans, à la suite de la décision de Vivendi de revenir sur un accord prévoyant qu'il rachète le bouquet Mediaset Premium.

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