Par Kévin VATANT
Depuis juin dernier, quatre éditorialistes participent à l'émission d’actualité hebdomadaire sur France Ô, « Lagôra » : Natacha Polony (Le Figaro), Elisabeth Lévy (RTL), Anne Nivat (grand reporter) et Ousmane Ndiaye (Courrier International).
Mais selon nos informations, la direction de France Ô a décidé d’arrêter cette émission.
Une décision qui a rapidement mis en colère les quatre éditorialistes, qui crient à la « censure ».
Si la direction de la chaîne évoque un non respect du cahier des charges, ces derniers affirment qu’il s’agit uniquement de pressions politiques.
En effet, deux invités politiques se seraient récemment plaints de leur passage dans l’émission. Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis, et Jeannette Bougrab.
Jeanmarcmorandini.com s’est procuré le mail que Claude Esclatine, le patron de France Ô, a envoyé aux éditorialistes de l’émission, pour leur faire part de l’arrêt du programme.
Ce dernier évoque simplement un problème de temps de parole et d'image de l'émission.
Extrait:
«Comme Jean Marc Bramy vous l'a évoqué récemment, à ma demande, j'ai été conduit à prendre la décision de suspendre l'hebdo "Lagora" de notre antenne.
Pour deux raisons essentielles :
1/Nous rentrons dans la phase 2 de la période préélectorale, dite de "l'équité" telle que nous l'impose le CSA sur toutes les chaines hertziennes.
2/La promesse initiale de Lagora, dans le cadre de la nouvelle ligne éditoriale de France Ô, telle que convenue au sein de France Télévisions depuis septembre, ne se retrouve que très partiellement dans le contenu effectif de ses éditions successives."
Une étude qualitative auprès de nos téléspectateurs a confirmé largement cette analyse.
Suite à ce courrier reçu par e-mail, les éditorialistes de l’émission ont décidé de crier de protester, et d’envoyer une lettre à Rémy Pflimlin, le PDG de France Télévisions.
Jeanmarcmorandini.com s’est procuré ce courrier en exclusivité :
«Monsieur le Président, C'est avec une certaine stupéfaction que nous avons reçu de la part de Claude Esclatine, Directeur Général de France Ô, le courrier ci-joint.
La décision de suspendre Lagôra nous paraît brutale et injustifiée. Les raisons invoquées faibles et sans rapport avec ce que nous avons vécu durant le premier trimestre.
Les débats et les entretiens avec les invités ont parfaitement respecté le cahier des charges fixé par la chaine France Ô
Les invités politiques de premier plan ont tous été amenés à répondre à des questions portant sur l'image et le rôle de la France dans le monde.
Si l’émission ne correspondait pas aux attentes de la direction de la chaine, il était bien évidemment possible de nous réunir pour envisager tous les amendements à apporter.
Le courrier joint évoque une "enquête qualité" (dont nous ne savons rien), mais aucune mesure d'audience.
Bref, rien de bien convaincant. Et nous pouvons, hélas, proposer une autre explication à cette suspension.
Les protestations de deux invités politiques qui se sont considérés comme "maltraités" (ce qui s'avère totalement faux) seraient-elles de nature à avoir effrayé la Direction de France Ô, au point de ne plus offrir un seul espace de débat politique en cette période électorale sur France Ô, chaine de service public!?
Nous avons choisi France Ô et plus généralement France Télévisions au détriment d'autres collaborations qui nous étaient proposées par divers médias.
En terme d’image, comme sur le plan financier, le préjudice subi est donc important.
Nous ne pouvons imaginer que le Président de France Télévisions assume une décision qui ressemblerait alors à une censure politique à peine déguisée.
Nous restons à votre disposition pour évoquer ensemble cette situation pénible et les éventuels dédommagements possibles.
Mamane Ousmane NDIAYE Anne NIVAT Natacha POLONY »
De son côté, Elizabeth Lévy a également envoyé un courrier à Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions.
Dans cette lettre, elle déclare: "Bien que je sois depuis septembre salariée de France Télévisions au titre de ma participation à cette émission, Claude Esclatine n’a pas jugé utile de m’avertir de cette décision. Cette décision me semble brutale et injustifiée – ou plus précisément, elle n’est pas justifiée par les raisons avancées par Claude Esclatine dans le courrier adressé à mes camarades, Ousmane N’Diaye, Mamane, Anne Nivat et Natacha Polony."
Et d'expliquer: "En effet, si le Directeur de France Ô avait jugé que nous ne remplissions pas le cahier des charges fixé par la chaîne, il aurait certainement, comme vous le feriez vous-même en de telles circonstances, pris le temps de descendre quelques étages pour nous en informer et nous l’expliquer, voire d’organiser une réunion pour discuter d’éventuels amendements. Le courrier évoqué parle d’une « enquête qualité » (dont nous ne savons rien), mais ne mentionne aucune mesure d'audience."
Elle a également précisé: "Deux des invités politiques se sont considérés comme « maltraités » - ce qui est totalement faux, à moins que l’interview journalistique sans concessions soit désormais tenue pour une maltraitance. Leurs protestations auraient-elles effrayé la direction de France Ô, au point que celle-ci décide, en période électorale, de supprimer la seule émission de débat politique de sa grille ? On conviendra que pour une chaîne du Service public, ce choix est pour le moins surprenant."
Vos réactions
C'est surtout une "pige" en moins pour ces chroniqueurs...
Et surtout "un" ou "une" qui vert de rage, a du vous transmettre toutes ces infos -) Mais malheureusement, ça ne fait pas boule de neige car personne ne regardait ce programme et tout le monde s'en moque, sauf ceux qui travaillaient sur ces débats -)
Jamais entendu parler de cette émission.
normal...on ne peut pas tout connaitre
trop facile voir..Dès 2006, Nicolas Sarkozy faisait pression sur France Inter..;-)
Ah la la la. C'est des manipulations à la Poutine ou Sarkoziste.
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