25/10/2024 14:31

Corse: Le luxueux domaine hôtelier de Murtoli, qui accusait "Corse Matin" de diffamation pour un article évoquant des soupçons d'obtention frauduleuse de subventions publiques, débouté par la justice

Le luxueux domaine hôtelier de Murtoli, en Corse, qui accusait le quotidien Corse Matin de diffamation pour un article évoquant des soupçons d'obtention frauduleuse de subventions publiques, a été débouté vendredi par le tribunal d'Ajaccio, ont indiqué les avocats des deux parties à l'AFP. "Nous allons faire appel" de cette décision de relaxe pour Corse Matin, a indiqué à l'AFP Me Philippe Dehapiot, conseil du domaine de Murtoli, situé à Sartène (Corse-du-Sud).

Le 30 mai 2023, un article en Une du quotidien corse, intitulé "Le domaine de Murtoli dans le viseur de la justice", faisait état de l'enquête dans laquelle Paul Canarelli, propriétaire de cet établissement prisé des célébrités, a été mis en examen début avril 2023 pour fraude à l'urbanisme et escroquerie, des accusations qu'il rejette en bloc.

Cependant, les poursuites ne portaient pas sur cet article principal mais sur un petit texte secondaire intitulé: "Suspicion de fraude autour d'une subvention de l'Odarc" (Office du développement agricole rural corse).

A l'audience le 10 septembre, Me Dehapiot a accusé le journaliste de Corse Matin, d'avoir "recopié un procès-verbal des gendarmes annulé par la justice", assurant attendre "de Corse Matin de vérifier ses informations". Assurant "avoir rarement vu un travail aussi militant" et "de mauvaise foi", Me Dehapiot et son confrère Me Basile Adler avaient plaidé la condamnation du journaliste de Corse Matin et du directeur de publication du quotidien.

Le ministère public, représenté par Alexandre Apel a, quant à lui, assuré qu'il n'avait pas vu dans l'article incriminé "de parti pris" ou "de partialité" mais plutôt "des marques de prudence" avec notamment l'usage du conditionnel et le fait que l'avocat du domaine, en l'occurrence Me Dehapiot, ait pu s'y exprimer.

Assurant qu'il n'y avait "rien de diffamant" dans cet article et que "la bonne foi du journaliste" était "caractérisée", il a estimé qu'il ne méritait "pas une condamnation en diffamation". Réagissant à la relaxe prononcée vendredi, l'avocate du journal, Olinka Malaterre, s'est félicité d'une "décision juste et totalement fondée que nous accueillons avec un immense soulagement".

Dénonçant une "procédure bâillon" pour faire taire les journalistes, les avocates avaient souligné à l'audience que le domaine multipliait les procédures contre des journalistes ou des associations de défense de l'environnement et ont plaidé la relaxe de leurs clients et la condamnation pour procédure abusive du domaine.

En mai 2023, Paul Canarelli, qui avait déposé trois plaintes en diffamation contre l'association de défense de l'environnement U Levante, avait vu ses plaintes rejetées par le tribunal judiciaire de Paris qui l'avait condamné pour "abus de constitution de partie civile".

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