09/09/2023 13:01

Portée par Laurent Lafitte, la très attendue série de Netflix "Tapie" livre un portrait haletant, "ni à charge, ni à décharge", de Bernard Tapie, ses créateurs assumant le recours à la fiction malgré l'opposition de ses proches - VIDEO

Portée par Laurent Lafitte, la très attendue série "Tapie" livre un portrait haletant, "ni à charge, ni à décharge", de Bernard Tapie, ses créateurs assumant le recours à la fiction malgré l'opposition des proches du self-made man décédé en 2021.

Disponible mercredi sur Netflix, le biopic retrace, en sept épisodes, trente ans du parcours de l'homme d'affaires et ancien ministre, de ses débuts méconnus en 1966 dans un télécrochet - où on lui promet un grand succès à l'inverse d'un autre candidat, un certain... Michel Polnareff -, à son incarcération en 1997 dans l'affaire du match truqué OM-VA. Entre temps, ce banlieusard gouailleur et magouilleur, fils d'ouvrier chauffagiste, s'est mué en industriel redoutable et médiatique, enfilant des casquettes aussi diverses que ministre, animateur télé, propriétaire du géant Adidas ou patron de l'OM. "C'est l'histoire d'un vendeur de télévision qui voulait rentrer dans la télévision et qui est devenu la télévision", résume à l'AFP le scénariste Olivier Demangel, co-créateur de la série, mûrie depuis dix ans.

Tout est parti d'une remarque du réalisateur Tristan Séguéla, frappé par la ressemblance entre Bernard Tapie et Laurent Lafitte, qu'il dirigeait sur un tournage. Le comédien révèle à cette occasion "qu'il rêve d'être Tapie à l'écran, et je lui avoue au même moment que je rêve de faire un film dont Bernard Tapie serait le héros", relate le cinéaste. L'intérêt témoigné au projet par Netflix il y a trois ans n'a toutefois pas été partagé par son principal intéressé, Bernard Tapie, que Tristan Séguéla connaissait à travers son père Jacques, publicitaire et ami de l'homme d'affaires. "Il m'a dit : +Je t'arrête tout de suite, c'est non+", rapporte Tristan Séguéla. "Je lui ai répondu que s'il m'inspirait bien quelque chose, c'était de ne pas écouter celui qui te dit non".

Quitte à heurter les proches du défunt. "L'irrespect n'a pas de limites", regrettait ainsi sa fille Sophie Tapie au printemps sur les réseaux sociaux. "Cette série, je ne la redoute pas, je la déplore", a abondé sa veuve, Dominique Tapie, dans Monaco-matin. Aucun proche n'a été consulté "pour bien délimiter la liberté qui allait être la nôtre sur le terrain décidé, qui était celui de la fiction", justifie Tristan Séguéla.

Les créateurs n'ont pas non plus interrogé les différents protagonistes des affaires retracées à l'écran, s'appuyant sur une "quarantaine de livres", une masse considérable d'articles de presse, de vidéos d'archives ou de rapports d'audience, explique Oliver Demangel. "C'est une série de fiction pure", et pas une série documentaire, "c'est notre interprétation du personnage et de sa trajectoire", ajoute-t-il, avec des "choses racontées dans le désordre" et autres arrangements avec la réalité.

Concernant l'expérience de Bernard Tapie comme ministre de la Ville, les scénaristes ont par exemple attribué certaines scènes vécues par le Premier ministre d'alors, Pierre Bérégovoy, au président François Mitterrand. Soucieux de ne pas faire un portrait "à charge ou à décharge", Olivier Demangel a trouvé à ce titre que la "partie industrielle" du parcours de Bernard Tapie, repreneur d'entreprises en difficulté (le relieur Diguet-Deny, le fabricant de piles Wonder) fut "l'une des plus compliquées à écrire", compte tenu de "l'image tellement négative" laissée par Tapie "de ce point de vue". "Il a quand même laissé beaucoup de gens sur le carreau". Fasciné par un personnage qu'il associait depuis l'enfance à des "contradictions", Laurent Lafitte explique avoir pris "dans l'interprétation les mêmes libertés que celle qui étaient prises dans l'écriture". "C'était une impasse de vouloir être dans le mimétisme absolu", dit à l'AFP celui qui a quand même dû recourir à des prothèses, à défaut d'avoir pris suffisamment de poids pour le dernier épisode.

Donnant la réplique à Joséphine Japy, Fabrice Luchini ou encore Camille Chamoux, le comédien doute du succès à l'étranger de cette série "très française". "Aux Etats-Unis, ils diraient : +Oui, ben quoi, c'est un mec qui part de rien et qui réussit, voilà, je ne vois pas où est le problème+", plaisante-t-il. Réponse dans quelques jours...

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