
Deux ans après avoir été condamnée par l'Europe pour les conditions indignes de détention dans ses établissements pénitentiaires, la France est appelée jeudi par l'Observatoire international des prisons à mettre en oeuvre un plan d'urgence pour en finir avec une surpopulation carcérale chronique. Ce rapport, publié par l'OIP avec le soutien d'Amnesty International, dresse un état des lieux sévère de "l'inefficacité des mesures prises par les pouvoirs publics" pour résorber ce mal endémique, et ses conséquences sur le respect du droit à la dignité en prison.
L'OIP, à l'origine d'un contentieux devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), avait obtenu en janvier 2020 la condamnation "historique" de la France, dans une décision lui enjoignant de résorber définitivement sa surpopulation carcérale. Deux ans après cette condamnation, définitive depuis le 30 mai 2020, le nombre de prisonniers en France atteint toujours des niveaux records.
Selon les derniers chiffres de l'administration pénitentiaire, au 1er mai les prisons françaises comptaient 71.038 détenus pour 60.722 places opérationnelles, soit une densité carcérale globale de 117%. La crise sanitaire avait pourtant fait naître un "fol espoir": au printemps 2020, en raison d'entrées moindres en détention et de mesures de libérations anticipées, le taux d'occupation moyen des prisons était passé en deux mois sous le seuil des 100%.
Mais "faute d'une politique volontariste", le nombre de détenus "n'a cessé de croître" à partir de l'été 2020, déplore l'OIP. L'association avait déjà sonné l'alerte avec d'autres organisations en juin 2021 et exhorté le président de la République Emmanuel Macron à "agir", un an après un précédent appel le sommant de saisir une "occasion historique".
Au sortir du premier confinement, "il y avait un contexte favorable. C'est un appel qui n'a pas été entendu", regrette Cécile Marcel, directrice de l'OIP. "Nous lançons un nouvel appel au courage politique et au respect d'une décision de justice", ajoute-t-elle. "La pandémie a montré que c'était possible, il faut juste une volonté politique", renchérit Marco Perolini, conseiller politique à Amnesty International.
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