14/11/2021 18:01

L'agence de presse slovène STA, privée de fonds depuis des mois, va recevoir sous peu l'argent public nécessaire à sa survie après plusieurs avertissements de Bruxelles

L'agence de presse slovène STA, privée de fonds depuis des mois, va recevoir sous peu l'argent public nécessaire à sa survie après plusieurs avertissements de Bruxelles, ont annoncé les deux parties. "Nous avons convenu d'un contrat qui nous garantit un financement normal jusqu'à la fin de l'année (...) et nous laisse le temps de régler les questions en suspens", a déclaré le nouveau directeur de l'agence Igor Kadunc. Il s'exprimait aux côtés du chef du service d'information du gouvernement, Uros Urbanija.

L'agence, créée en 1991 quand le pays a quitté l'ancienne fédération yougoslave, reçoit habituellement une aide publique d'un peu plus de deux millions d'euros chaque année mais n'a toujours rien touché au titre de 2021. Des fonds avaient été versés en janvier mais il s'agissait seulement d'honorer des paiements dus pour l'exercice comptable 2020. STA, qui employait en début d'année une centaine d'employés, a depuis assisté au départ de quinze d'entre eux. Son ex-responsable Bojan Veselinovic avait claqué la porte en septembre, accusant le gouvernement de bafouer "l'indépendance" des médias et de vouloir "subordonner" l'agence à sa volonté. Si les salariés restants ont salué l'accord trouvé, ils se sont inquiétés du fait que le nouveau contrat "puisse indirectement affecter l'autonomie éditoriale et aggraver à terme la situation financière".

Le gouvernement conservateur de Janez Jansa, qui occupe la présidence semestrielle de l'UE, était sous pression pour rétablir le financement de STA, dont il critique la ligne éditoriale. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait dénoncé à plusieurs reprises le gel des fonds, pointant "des risques majeurs pour la liberté de la presse et le pluralisme des médias en Slovénie, et par conséquent dans l'UE". La Cour suprême slovène avait également enjoint au gouvernement de débloquer l'argent. Mais M. Jansa, qui a qualifié STA de "honte nationale" pour son ton jugé trop critique concernant la gestion de la crise du coronavirus, a longtemps résisté à ces divers appels, invoquant des litiges juridiques. Le Premier ministre, allié du souverainiste hongrois Viktor Orban, a instauré depuis son retour au pouvoir au printemps 2020 un climat de défiance envers la presse dans ce pays de 2 millions d'habitants.

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