Pas de sortie de crise en vue à L'Equipe: le quotidien sportif de référence restera absent des kiosques vendredi, au 7e jour d'une grève historique contre la suppression d'une cinquantaine de postes, a-t-on appris jeudi auprès des syndicats et de la direction. L'intersyndicale (SNJ, SNJ-CGT, UFICT-CGT, SGLCE-CGT) a décidé de reconduire pour 24 heures l'appel à la grève lancé le 8 janvier. Cet appel peut "être suspendu à tout moment", rappellent les syndicats dans un courriel envoyé à la direction. Ils réclament la suspension du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) dévoilé à l'automne et une rencontre avec "un représentant du Groupe Amaury (propriétaire de l'Equipe et organisateur du Tour de France) ou un médiateur".
Mais dans un courrier adressé jeudi soir aux salariés, Jean-Etienne Amaury, le directeur général du groupe éponyme, a déploré un "mouvement" en "complet décalage avec la réalité économique de l'entreprise". "Etre une entreprise rentable, tout au moins à l'équilibre" est une "contrainte non négociable", a-t-il insisté.
"On leur tend la main en leur demandant de suspendre le PSE qu'on voit comme un revolver sur la tempe, ils la refusent", a regretté Stéphane Antoine (SNJ-CGT) à l'issue d'une réunion avec notamment le directeur général de l'Equipe, Jean-Louis Pelé. Le PSE incriminé prévoit la suppression d'une cinquantaine de postes, dont 47 postes de journalistes, au sein de la SAS L'Equipe (le quotidien, le magazine, Vélo Magazine et l'hebdomadaire France football, en passe de devenir mensuel) qui emploie 350 personnes.
Une douzaine de créations de postes sont prévues en parallèle pour renforcer l'offre internet et augmenter les abonnements numériques payants. Objectif ? Réaliser 5 millions d'euros d'économies et éviter 6 millions de pertes en 2021, dans un contexte de baisse des ventes papier aggravé par la crise sanitaire et l'arrêt des compétitions sportives au printemps.
Côté éditorial, "les +petits sports+ seront moins traités, un choix étonnant à trois ans des Jeux olympiques de Paris", s'indignent les représentants du personnel dans un texte publié jeudi sur un blog de Médiapart. Le projet prévoit aussi "explicitement de +baisser la voilure+" sur la couverture de 9 clubs de Ligue 1, sur le "Championnat de France de 2e division mais aussi le Top 14 de rugby", etc, écrivent-ils.
De quoi "exaspérer" des salariés soumis à plusieurs "restructurations" ces dernières années. Face à la grogne, la direction a proposé des conditions de départ améliorées, mais toujours jugées insuffisantes. Elle a également proposé une alternative au PSE, une version modifiée d'un projet d'accord de performance collective (APC) rejeté cet été par les syndicats, avec une baisse des salaires de 5% jusque fin 2024 au plus tard et l'abandon de 10 jours de RTT.
"La rédaction de l'Equipe est la mieux rémunérée du marché", a justifié Jean-Louis Pelé, jeudi dans les colonnes du Figaro. Pas de quoi calmer les troupes dont il "occulte", selon les syndicats, "les conditions de travail particulières", notamment le week-end et la nuit.
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