10/08/2020 11:31

Chine - Le magnat hongkongais Jimmy Lai a été arrêté ce matin, et son groupe de presse perquisitionné au nom de la loi controversée sur la sécurité

Le magnat hongkongais Jimmy Lai a été arrêté ce matin, et son groupe de presse perquisitionné au nom de la loi controversée sur la sécurité, une nouvelle étape dans la reprise en main musclée de l'ex-colonie britannique par Pékin. Le richissime septuagénaire a été interpellé chez lui vers 07h00 (23h00 GMT, dimanche ndlr), a précisé à l'AFP Mark Simon, un de ses proches collaborateurs, en précisant que d'autres membres de son groupe de presse avaient eux aussi été arrêtés.

Dans un communiqué, la police a fait état de sept arrestations pour des soupçons de collusion avec des forces étrangères - une des infractions visées par la loi sur la sécurité nationale qui a été imposée fin juin par Pékin - et fraude. C

onsidérée comme une réponse de Pékin aux mois de manifestations prodémocratie qui avaient ébranlé l'ex-colonie britannique en 2019, la loi donne aux autorités de nouveaux pouvoirs pour réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l'Etat: la subversion, le séparatisme, le terrorisme et la collusion avec des forces extérieures.

Nombre de militants prodémocratie dénoncent un texte liberticide qui vient en finir avec le principe "Un pays, deux systèmes" qui avait présidé à la rétrocession en 1997 et garantir théoriquement jusqu'en 2047 aux Hongkongais des libertés inconnues dans le reste de la Chine. Jimmy Lai est le patron de Next Media, qui compte notamment le quotidien Apple Daily et le magazine Next, deux titres ouvertement prodémocratie et critiques de Pékin.

En fin de matinée, des dizaines de policiers se sont présentés au siège du groupe de presse, sur une zone industrielle du quartier de Lohas Park (sud-est). Des journalistes d'Apple Daily ont diffusé en direct sur Facebook les images de cette perquisition. Sur les images, le rédacteur en chef du quotidien Law Wai-kwong apparaît en train de demander aux policiers leur mandat.

"Dites à vos collègues de ne rien toucher avant que nos avocats ne vérifient le mandat", leur intime M. Law. Les policiers ont ordonné aux journalistes de se lever et de s'aligner pour des vérifications d'identité, alors que d'autres fouillaient la salle de rédaction. Et M. Lai a été amené sur les lieux. M. Simon a précisé sur Twitter que des perquisitions avaient aussi eu lieu au domicile du magnat et à celui de son fils. Pour beaucoup de Hongkongais engagés dans la mouvance prodémocratie, M. Lai est un héros, un patron de tabloïd qui a bâti sa fortune seul, et le seul patron de presse hongkongais qui tienne tête au pouvoir central chinois.

Rares sont les Hongkongais qui attirent autant la haine de Pékin que M. Lai, que les médias d'Etat chinois qualifient régulièrement de "traître" en l'accusant d'être l'instigateur de la contestation de 2019. Les accusations de collusion avec une puissance étrangère ont redoublé l'an passé, quand M. Lai a rencontré le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et le vice-président Mike Pence.

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