04/07/2020 08:14

Pour les éditorialistes de la presse quotidienne, Emmanuel n'a pas nommé un Premier Ministre avec Jean Castex mais "un collaborateur" ou un simple "chef d'état-major"

Avec l'arrivée de Jean Castex, Emmanuel Macron reprend la main en nommant un chef d'état-major, un collaborateur, dans la continuité de son prédécesseur, avec la présidentielle de 2022 en ligne de mire, soulignent samedi les éditorialistes. Pour Laurent Joffrin dans Libération, il y a carrément une erreur dans le communiqué de l'Elysée annonçant la nomination de Jean Castex au poste de Premier ministre. "Il faut lire en fait, le président a nommé Premier ministre ... Emmanuel Macron", affirme l'éditorialiste de Libération, pour qui il ne fait aucun doute que le chef de l'Etat joue sans va-tout avant 2022. Il "incarnera, à lui seul ou presque, les décisions qui seront prises dans les deux ans qui viennent", souligne Laurent Joffrin, à l'instar d'autres éditorialistes.

Pour Le Figaro, Emmanuel Macron a aussi pris le risque "de s'exposer plus encore lui-même en encourant le procès de supprimer, dans l'esprit sinon dans les faits, la fonction de Premier ministre".

Loin donc d'être un général en chef de la majorité, Jean Castex sera surtout "un secrétaire-général du gouvernement", juge l'éditorialiste du Figaro Guillaume Tabard.

Pas question de faire de l'ombre à celui qui a commencé vendredi à préparer sa réélection, car, pour certains éditorialistes, il ne fait guère de doute qu'Emmanuel Macron est désormais "en campagne", comme le souligne le titre de l'éditorial de La Croix. "Tout, dans la décision de remanier son gouvernement, projette le pays vers 2022", relève ainsi Jérôme Chapuis dans ce quotidien chrétien.

Victor Mallet dans le Financial Times ne dit pas autre chose quand il écrit dès la toute première ligne de son "papier: "Emmanuel Macron a choisi le modeste bureaucrate Jean Castex pour être son Premier ministre dans une tentative de faire renaître sa présidence avant les élections de 2022".

Mais si la France change de Premier ministre, change-t-elle pour autant de politique ?, s'interroge Ouest-France. Une chose est cependant claire pour le grand quotidien régional: "Avec Jean Castex, le +nouveau chemin+ ne passera ni à gauche ni au vert". Car c'est bien le changement dans la continuité qui a été privilégié pour l'ensemble des éditorialistes dont tous relèvent les similitudes entre Jean Castex et son prédécesseur Edouard Philippe, au point pour celui du Parisien de parler de "décalque".

"Il vient de la droite, comme Édouard Philippe. Il est maire (de Prades, dans les Pyrénées-Orientales, depuis 2008) tout comme Édouard Philippe, qui va pouvoir se consacrer au Havre. Il est tout aussi méconnu du grand public qu'Édouard Philippe au moment de sa nomination", résume ainsi Ouest-France. En choisissant une deuxième fois un maire issu des rangs des Républicains, comme le relève Le Monde, le chef de l'Etat entend bien continuer à "braconner sur les terres de la droite", juge de son côté Guillaume Tabard dans Le Figaro.

"Le choix d'un homme de droite, ancien proche conseiller de Sarkozy, indique tout d'abord que le chef de l'État compte bien entretenir le sillon creusé sous Édouard Philippe", renchérit Pascal ratinaud dans La Montagne. Et tant pis pour la rupture ou le virage que d'aucuns annonçaient.

"Cette nomination réduit pratiquement à néant l'hypothèse d'un +tournant+ dans le quinquennat, à propos duquel on a beurré d'innombrables tartines", relève par exemple Laurent Joffrin dans Libération.

"Là où l'on pronostiquait une femme plutôt centriste à forte identité écologiste et sociale pour remplacer Édouard Philippe, le président de la République sort du chapeau un haut fonctionnaire gaulliste, ex-lieutenant de Nicolas Sarkozy, quasi-inconnu du grand public", relève de son côté Jean-Michel Servant dans le Midi Libre, qui se demande du coup si Emmanuel Macron a retenu quelque chose du résultat des municipales. C'est surtout "un homme de droite, modèle courant", juge Laurent Joffrin pour qui dans ces conditions, "on ne le voit guère donner le coup de volant annoncé".

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