16/09/2018 17:01

La France est le 3e plus gros exportateur de programmes télévisés au monde, mais reste à la traîne pour les jeux et divertissement

 Par Séverine ROUBY

La France est le troisième plus gros exportateur de programmes télévisés au monde, grâce aux séries et aux documentaires, mais reste à la traîne pour les jeux et divertissements, un gisement pourtant prometteur, estiment des études présentées au marché audiovisuel de Biarritz.

Entre septembre 2017 et fin juillet 2018, les programmes français ont été les plus exportés derrière les programmes américains et britanniques (en nombre de lancements, hors téléfilms et coproductions), selon Eurodata TV Worldwide, filiale internationale de Médiamétrie.

Et c'est le seul des trois à progresser, avec 18% de hausse sur un an, a souligné l'institut qui dévoilait cette étude à l'occasion du Rendez-Vous de Biarritz, marché de programmes français organisé par TV France International (TVFI).

Les séries documentaires ont particulièrement séduit, comptant pour plus de la moitié (55%) des programmes exportés, suivies des fictions (36%) et du divertissement (9%).

Parmi les succès, des séries policières comme Nox (diffusée sur Canal+), L'Accident (France 3) ou Maman a tort (France 2), "dominées par de forts enjeux familiaux, avec des personnages évoluant dans des milieux difficiles", relève EurodataTV.

La série documentaire "Rêver le Futur" (Planète+) a été vendue à plus de 50 chaînes et plateformes à l'étranger moins d'un an après son lancement, avec de fortes audiences.

"Au fil des années, les producteurs français ont développé un véritable savoir-faire dans la création de séries feuilletonnantes", note Avril Blondelot, directrice Content Insight chez EurodataTV.

- Relais de croissance -

Saluant ces performances, Nathalie Sonnac, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), a toutefois regretté le retard de la France en matière d'exportation des "formats", des concepts de programmes (jeux, divertissements, magazines...) qui peuvent être vendus et adaptés à l'étranger, à l'instar de "The Voice" ou "Danse avec les stars". "Nous avons des séries françaises vendues dans beaucoup de pays mais ce n'est pas le cas du format, où on a un, maximum deux pays acheteurs", a souligné la conseillère, qui présentait la 3e édition d'une étude sur le tissu économique de la production audiovisuelle. "Les éditeurs n'investissent pas suffisamment dans ce secteur car ils ne le voient pas assez comme un relais de croissance. Or, les chaînes ont besoin d'oxygène et de nouvelles sources de financement, elles devraient davantage miser sur des formats originaux exportables", estime-t-elle. Selon les derniers chiffres de TVFI et du CNC, le format représente 10% des ventes à l'export de programmes télé en 2017 (soit 21 millions d'euros sur 205).

Dans le top 3 des formats exportés sur 2016/2017, on retrouve le jeu Guess My Age (diffusé sur C8), celui du Grand blind test (TF1) et le programme Chasseurs d'Appart (M6).

Le CSA, qui a consacré un important volet de son étude à ces programmes dits de flux (jeux, talk-show, magazines...), note qu'en 2017, ils représentaient près d'un tiers des grilles de programmes des chaînes gratuites et un peu plus d'un quart des investissements dans les programmes. "Ce sont des programmes hyper stratégiques, véritables carrefours d'audiences et marqueurs identitaires qui permettent aux chaînes de se démarquer de leurs concurrentes mais aussi des services de vidéo à la demande par abonnement" qui investissent peu le créneau, souligne Nathalie Sonnac. Dans un contexte difficile entre les baisses d'audience et de recettes publicitaires, les chaînes de télévision ont dépensé plus de 833 millions d'euros en 2016 (+1% sur un an) dans la production audiovisuelle et l'achat de droits.

"En choisissant de maîtriser leurs risques, les chaînes ont privilégié l'investissement dans l'adaptation de formats étrangers qui ont déjà fait leurs preuves à l'international plutôt que dans des programmes nouveaux à l'audience incertaine", souligne l'étude.

"Cette préférence marquée pour les formats étrangers a pour conséquence de nuire à la dynamique de création, à l'innovation et à la vente de formats français à l'international", regrette-t-elle.te de formats français à l'international", regrette-t-elle.

 

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