14/12/2016 11:41

Prison de Fresnes : Rats, promiscuité ...les conditions de vie des détenus "constituent un traitement inhumain ou dégradant"

Un établissement plein à craquer, envahi par les rats, où certains surveillants débordés ont développé des habitudes violentes: la contrôleure des prisons a publié des observations accablantes sur le centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), caractéristiques d'une "cocotte-minute prête à exploser" selon les syndicats.

Plusieurs agents du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), organe dirigé par l'ex-élue socialiste Adeline Hazan, ont effectué une visite à la maison d'arrêt de Fresnes pendant deux semaines début octobre, pour adresser des recommandations au gouvernement.

Leur conclusion: les conditions de vie des détenus "constituent un traitement inhumain ou dégradant", contraire à la Convention européenne des droits de l'Homme. Cette dégradation relève d'une "évolution relativement récente" selon Mme Hazan: le diagnostic des contrôleurs lors de leur précédente visite en 2012 n'était pas aussi alarmant. La rénovation de cet établissement construit à la fin du XIXe siècle s'impose désormais comme une "urgence", écrit-elle.

Avec un taux d'occupation moyen qui frise les 200% et un nombre de détenus - près de 3.000 - qui a bondi de 52% en dix ans, Fresnes offre des "conditions d'hébergement indignes (...) très en-deçà des normes fixées par le Comité européen pour la prévention de la torture", dénonce la contrôleure.

Prévenus et condamnés sont mélangés et plus de la moitié des détenus vivent à trois dans une cellule standard de 10m2, entassés dans des lits superposés. "C'est ce qu'on appelle les triplettes", confirme à l'AFP Frédéric Godet, délégué syndical Ufap-Unsa (majoritaire) à Fresnes.

"Ce que le rapport dénonce, ça fait juste 20 ans qu'on le souligne." "Si on était dans le privé, l'établissement aurait fermé depuis longtemps", abonde Cédric Boyer, secrétaire local de FO Pénitentiaire. Pour lui, "Fresnes, c'est une cocotte-minute prête à exploser".

Là où les prisons voisines de la Santé et de Fleury-Mérogis sont en cours de rénovation, Fresnes patiente "depuis des années", insistent ces syndicalistes. - "Usage banalisé de la force" - Le personnel en sous-effectif est composé d'environ "70% de stagiaires" et un seul surveillant gère 120 détenus, selon le rapport. Dans ces conditions, le respect des droits fondamentaux est "structurellement impossible", argue la contrôleure: la fouille intégrale "devient la règle et non l'exception".

Il règne dans la prison "un climat de tension permanente" et les surveillants ont développé "un usage banalisé de la force et des violences".

Trois d'entre eux ont récemment fait l'objet de sanctions disciplinaires, relèvent les contrôleurs. L'un d'eux a frappé un détenu en pleine crise d'épilepsie, selon une source pénitentiaire.

Trois autres ont été placés en garde à vue lundi, soupçonnés d'avoir fourni des téléphones portables et de la drogue à des détenus, moyennant finance.

Côté syndicats, on souligne les "risques nouveaux" engendrés par l'accueil des détenus radicalisés, en rappelant que sont incarcérés à Fresnes des prisonniers de droit commun "particulièrement durs". Mais "l'anomalie la plus grave", selon la contrôleure, reste "l'hygiène déplorable". Les rats "évoluent en masse" dans les cours et aux abords des immeubles, attirés par les "amas d'ordures" au pied des bâtiments.

Certains pénètrent même dans la détention. "Les rats ont toujours existé", raconte M. Godet. Mais ils prolifèrent depuis 2011 selon lui, lorsque les repas "en barquette" ont remplacé le service "à la louche" des détenus, et provoqué une explosion des détritus, jetés par les fenêtres.

En 2016, deux détenus de Fresnes ont contracté la leptospirose, maladie potentiellement mortelle transmise par les rats. Saisi par l'Observatoire international des prisons (OIP), le tribunal administratif de Melun a ordonné début octobre à l'Etat d'"intensifier" la dératisation. En réponse aux observations de la contrôleure, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a détaillé dans une lettre les travaux prévus pour 2017 afin de lutter contre les rats. L'Etat va consacrer plus de 900.000 euros notamment pour empêcher les jets de détritus en réparant les grillages aux fenêtres. Le ministre a aussi souligné que le budget 2017 prévoit de lancer la construction de trois maisons d'arrêt en Ile-de-France pour désengorger les prisons.

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Vos réactions

Portrait de FoxOne
28/décembre/2016 - 00h17
Jarod26 a écrit :
depuis le temps que tout le monde en parle
Une bonne dizaine d'années
Portrait de FoxOne
28/décembre/2016 - 00h17
Marieduchemin a écrit :

Les cellules sont à leurs image, immondes et inhumaines ils voudraient quoi après avoir violé, tué, agressé... le club med ?

Ils peuvent rêver
Portrait de FoxOne
28/décembre/2016 - 00h17
Ils ne veulent pas un 4 étoiles !!
Portrait de clara
14/décembre/2016 - 17h12

Avant c'était le ' cachot ' ......mais ça c'était avant !

Au lieu de passer leur temps à regarder internet, et les médias, à tapoter sur leur dernier iphone sorti, à se montrer sur des sites avec drogue, alcool, argent ..... on ferait mieux de les faire travailler à rénover les prisons !

 

Portrait de zebulonss
14/décembre/2016 - 15h19

Il faudrait former les détenus aux métiers du bâtiment.....Les travaux seraient fait par eux, ca nous couteraient moins chers, ils seraient occupés et le probleme serait resolu................Seront -ils volontaires?

 

Portrait de starshooter29920
14/décembre/2016 - 14h25 - depuis l'application mobile

Ce sont les taulards qui ont dégradé leur lieux de vacances qu'ils assument . Manquerais plus que je les plaignent . Bien fait les rats vivants entre eux comme ça

Portrait de royrogers
14/décembre/2016 - 14h14

c'est rien par rapport aux Baumettes

Portrait de spidey81
14/décembre/2016 - 12h48

c'est une honte pour un pays comme la France si les autorités ne rénovent pas nos prisons et les modernisent......

Portrait de Jilou1994
14/décembre/2016 - 12h45

Les prisons sont des hôpitaux psychiatriques sans médecins de l'âme. Respect pour les gardiens qui doivent endurer la folie de leurs habitants. Nous sommes dans une société où la gratification des sens est édifiée en religion, mais les conséquences sont qu'à force de s'en mettre par tous les trous, le niveau d'intoxication est tel que l’indifférence y grandit proportionnellement. Alors que dire de se soucier vraiment du devenir de gars tombés pour escroquerie, vol, viol, torture, meurtre ?  

Portrait de Keedz17
14/décembre/2016 - 12h40

tout simplement scandaleux qu'en 2016 les prisons françaises soient  abandonnées ainsi. il ne faut pas s'étonner si les détenus en ressortent avec plus de haine et de dangerosité. Ces conditions sont aussi néfaste pour les détenus que pour le personnel comment exercer son travail correctement dans de tel conditions? pas étonnant que de plus en plus de surveillant basculent dans la violence ou facilitent voir nourrissent le traffic interne aux prisons, leurs laissent-on le choix ? a mon simple avis il faudrait revoir même le principe idéologique de la prison soit un lieu de punition où l'on paye sa peine de manière forfaitaire sans se soucier de l'évolution de l'individus ou bien un lieu de rédemption où seul compterais la compréhension de son acte et ses répercussions et son besoin de se repentir   

Portrait de liberté2015
14/décembre/2016 - 12h35 - depuis l'application mobile

Du coup, avec les rats, ils sont entre amis!!!!

Portrait de tyzef
14/décembre/2016 - 12h05 - depuis l'application mobile

Ils sont mécontents du room service

Portrait de GIGI
14/décembre/2016 - 11h53

Dimanche soir sur M6, j'ai vu des jeunes gens qui travaillent et qui sont obligés de dormir dans leur voiture sans avoir de quoi manger le soir.

Alors des detenus qui jettent leurs repas par les fenetres  pour attirer les rats ne me font pas vraiment de la peine!

Portrait de Allan Leo
14/décembre/2016 - 11h47

Ils veulent pas un 4 étoiles, Canal Sat et un jacuzzi aussi ?