L'émission humoristique la plus renommée aux US "The Daily Show" a changé de présentateur cette nuit: Alors, c'était comment ?

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L'émission humoristique la plus renommée aux Etats-Unis, "The Daily Show", a repris du service cette nuit sans son présentateur vedette, Jon Stewart, mais avec une équipe largement reconduite qui a permis au jeune Sud-Africain Trevor Noah de briller dès sa première sortie.

"Même chaise, fessier différent", prévenait la bande annonce du "Daily Show" depuis plusieurs semaines.

Lundi soir, c'est un jeune métis sud-africain de 31 ans aux allures de mannequin, quasiment inconnu aux Etats-Unis, qui s'est assis à la place occupée durant 16 ans par Jon Stewart, le présentateur qui a révolutionné la satire à la télévision.

A 52 ans, Stewart avait décidé de souffler et a quitté la scène début août avec, en poche, 19 Emmy Awards, les trophées de la télévision (il en a gagné 4 de plus depuis).

Fort heureusement pour Trevor Noah, la majorité de l'équipe du "Daily Show" est restée en place, notamment à la production et à l'écriture. - Le meilleur en matière d'humour télévisuel

Et des les premières phrases du traditionnel monologue d'introduction, le jeune homme a pu, sans heurts, prendre le volant de ce qui se fait de mieux en matière d'humour télévisuel.

"En grandissant dans les rues poussiéreuses d'Afrique du Sud, je n'aurais jamais cru que je pourrais avoir deux choses: des toilettes avec une porte et le poste de présentateur du Daily Show.

Maintenant, j'ai tout ça et je me sens à l'aise avec l'un des deux", a-t-il lancé, provoquant l'hilarité générale.

Il a longuement évoqué Jon Stewart, qui était, selon lui, "plus qu'un présentateur de talk-show", "une voix, un refuge".

Tout au long de l'émission, le ton a été aussi acéré que durant l'ère Stewart, même si le propos ne portait peut-être pas aussi loin. "C'était top, dingue. Je me suis marré tout du long", a dit Raul à la sortie de l'enregistrement.

Pour lui, "ce n'était pas tellement différent" de l'émission que présentait Stewart.

Dans son style, plus comédien que présentateur, Trevor Noah a séduit.

"Il n'a pas essayé de remplacer Jon Stewart", a estimé, soulagée, Zaira.

"C'est plus un charmeur" que son prédécesseur, selon Andrew Wynner, un New-Yorkais qui avait déjà assisté à plusieurs enregistrements par le passé.

"C'est le meilleur que j'aurais pu imaginer pour remplacer Jon Stewart", ose Sabrina Illiano, étudiante à l'université de Columbia. Il n'était pourtant pas favori, loin s'en faut.

Une situation dont il s'est amusé durant l'émission.

Il a évoqué, sans les nommer, les humoristes de premier ordre sollicités par Comedy Central: la star montante Amy Schumer, la vedette de la série "Parks and Recreation", Amy Poehler, et le comédien Louis C.K., héros de sa propre série "Louie". Tous ont décliné.

"Et une fois encore, c'est un immigré qui prend le boulot dont les Américains n'ont pas voulu", a-t-il ironisé. Trevor Noah n'a pas encore partie gagnée, il le sait.

Sans même parler de l'ombre de Jon Stewart, il lui faudra exister sur ce qui est peut-être devenu la tranche horaire la plus concurrentielle de toute la télévision américaine. Jimmy Fallon (NBC), Jimmy Kimmel (ABC) et Stephen Colbert (CBS) se livrent une âpre bataille et sont déjà suivis par des dizaines de millions de personnes sur les réseaux sociaux.

"Tu n'as passé qu'une pause publicitaire. Ces Blancs n'ont pas encore décidé s'ils t'aimaient bien ou pas!", a lancé Roy Wood Jr, l'un des "correspondants" de l'émission, une brochette d'excellents comédiens qui sévissaient déjà du temps de Jon Stewart.

"Merci Jon, d'avoir cru en moi. Je ne suis pas certain de ce que tu as vu en moi, mais je vais travailler dur tous les jours pour le trouver", a dit Trevor Noah.

"Et j'essaierai de ne pas te faire passer pour un vieux fou qui a donné tout son héritage à un gamin africain choisi au hasard."