Le quotidien de gauche italien La Repubblica a présenté vendredi une
première page complètement blanche pour protester contre une nouvelle loi
très controversée limitant l'utilisation des écoutes téléphoniques dans les
enquêtes judiciaires et limitant aussi leur diffusion dans les médias.
Au milieu de la "une" où subsiste le titre, la Repubblica, figure seulement
un post-it jaune affirmant "la loi-bâillon nie aux citoyens le droit d'être
informés".
"Une première page blanche pour témoigner, aux lecteurs et
au pays, de la violence survenue hier à travers une loi" limitant le droit
des journaux à "informer les citoyens", explique en page 2 le directeur de
La Repubblica Ezio Mauro.
"Il est évident que tout ceci est
inacceptable, non seulement pour les journalistes mais aussi pour les
citoyens, pour le système démocratique", ajoute le journaliste. La loi
prévoit de lourdes amendes allant jusqu'à 450.000 euros pour la publication
d'écoutes téléphoniques dans les médias, ce qui a soulevé les protestations
des éditeurs et des journalistes qui peuvent également être condamnés à des
peines de prison.
Le Sénat italien, dominé par la droite de Silvio
Berlusconi, a adopté jeudi cette loi dont une des mesures les plus
critiquées prévoit de limiter les écoutes téléphoniques à 75 jours. Ce délai
peut être prolongé de trois jours en trois jours. Cette prorogation doit
être approuvée à chaque fois par un collège de trois juges, un mécanisme
complexe critiqué aussi bien par la justice que par la police.
Selon
la majorité de Silvio Berlusconi, cette loi est nécessaire pour protéger la
vie privée des citoyens qui voient trop souvent leur nom apparaître dans les
journaux dans le cadre de fuites fréquentes d'écoutes.
L'opposition accuse
la majorité de vouloir museler la presse et éviter qu'éclatent des affaires
comme celle qui touche actuellement le chef de la Protection civile Guido
Bertolaso, un protégé de Berlusconi, soupçonné de corruption dans
l'attribution de marchés publics.
Le scandale a déjà coûté son poste au
ministre du Développement économique Claudio Scajola.
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