20/02/2019 13:05

Un homme condamné à dix mois de prison ferme pour des menaces de mort contre deux journalistes du Monde

Un homme, jugé pour des lettres de menaces de mort adressées en 2014 aux journalistes d'investigation du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, a été condamné mercredi à dix mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris. Le prévenu, 61 ans et absent à l'audience en raison de son "état de santé fragile" selon son avocat, devra également verser 3.500 euros de dommages et intérêts à chacun des deux journalistes.

Dans un courrier adressé à M. Davet le 7 août 2014, l'auteur faisait explicitement référence à un article co-écrit quelques mois plus tôt par les deux journalistes sur l'homme d'affaires corse Michel Tomi, et intitulé "La justice sur la piste du parrain des parrains". "Continue a raconté des connerie sur ton journal pourrie et on s'occuppe de vous tres tres bientôt Vive les corses et a bientot", signé "les amis de TOMY" (sic), pouvait-on ainsi lire sur cette lettre où figuraient également des insultes et des menaces contre l'épouse de M. Davet et ses enfants, dont les dates et lieux de naissance étaient mentionnés. Le journaliste constatait que le libellé de l'adresse indiquée sur l'enveloppe était identique à son adresse fiscale. Les enquêteurs se sont alors intéressés au prévenu, agent dans un centre des impôts à Paris, qui avait consulté à plusieurs reprises le dossier de M. Davet la veille de l'envoi du courrier.

Des expertises graphologiques et génétiques ont permis d'identifier formellement le prévenu, qui a toujours nié son implication, comme l'auteur du courrier. M. Lhomme avait lui été le destinataire d'une feuille, glissée sous son paillasson et retrouvée par son épouse, sur laquelle figurait un cercueil ainsi que les dates de naissance de sa femme et de ses deux enfants, telles que déclarées à l'administration fiscale. Ces menaces intervenaient "dans une année 2014 compliquée et charnière", a rappelé au tribunal M. Davet. "J'avais reçu d'autres menaces", telles qu'une balle et de la poudre d'explosifs reçues au journal Le Monde, liées selon lui à leurs "écrits sur la droite" et notamment les affaires touchant Nicolas Sarkozy ou ses proches.

Cette année-là, les deux journalistes avaient bénéficié d'une protection policière, levée à leur demande en 2016, et ne traitent plus depuis de l'actualité judiciaire. "Au-delà du plan professionnel, cette histoire a eu de lourdes conséquences sur nos vies familiales. Ma femme a été durablement traumatisée, elle ne s'en est toujours pas remise", a insisté Fabrice Lhomme. "La peine est exemplaire mais la grosse frustration c'est de n'avoir retrouvé que l'homme de main et pas son commanditaire", a-t-il ajouté.

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