26/11/2018 08:01

Gilets jaunes - Toulouse: Appel au boycott de la couverture du mouvement - Le correspondant de CNews à nouveau menacé hier

Une partie des médias de la région toulousaine a appelé dimanche à boycotter la couverture des actions des "gilets jaunes", au lendemain de la tentative d'agression de journalistes, qui a donné lieu à deux nouvelles plaintes à l'hôtel de police de Toulouse, a-t-on appris auprès des plaignants.

Au total, cinq journalistes de CNEWS et BFMTV ont porté plainte pour "violences aggravées", "menaces de mort", "tentative d'agression en réunion", samedi et dimanche, relatant avoir, lors d'une manifestation des gilets jaunes place du Capitole samedi, reçu des coups de pied, des crachats, une bouteille d'eau en plein visage, et avoir été poursuivis dans les rues toulousaines.

"Il y avait environ entre 50 et 100 personnes qui ont commencé à s'en prendre à nous, les reporters", stipule l'une des deux nouvelles plaintes déposées dimanche. "Les manifestants criaient +BFM collabo, les journalistes, on va vous faire la peau", peut-on lire sur le procès-verbal de police dont l'AFP a eu une copie.

En outre, un reporter de CNEWS qui avait porté plainte samedi s'est à nouveau rendu au commissariat dimanche pour une déposition concernant des tentatives d'intimidation sur les réseaux sociaux, où des personnes se réclamant des "gilets jaunes" ont proclamé connaître l'adresse du journaliste.

En conséquence, plusieurs journalistes de la région ont lancé dimanche un appel au boycott de la couverture des gilets jaunes, "en solidarité avec (les) collègues toulousains agressés". L'appel, relayé par le Club de la presse Occitanie qui "condamne les agressions" et s'inquiète des "actes de violences qui s'amplifient", a été suivi par plusieurs rédactions régionales, à commencer par BFMTV et CNEWS, mais aussi M6 et Via Occitanie. 

"Nous faisons bien-sûr la différence entre les manifestants pacifistes et les agresseurs", a tweeté dimanche la direction de CNEWS, qui dit son "soutien" aux journalistes "agressés, harcelés". "Ces comportements sont intolérables", avait réagi samedi celle de BFMTV. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a apporté "sa solidarité totale, tant aux journalistes agressés qu'à ceux qui souhaiteraient légitimement faire valoir leur droit de retrait auprès de leur direction".

"Les journalistes ne sont pas des cibles. Informer n'est pas un délit. Chacun doit comprendre que s'en prendre aux journalistes, c'est s'en prendre à la liberté de la presse, pilier de notre démocratie", a ajouté le SNJ dans un communiqué.

Le boycott n'a cependant pas été unanimement suivi dimanche.

France 3 Occitanie a dit privilégier d'autres solutions : "On a prévu un reportage de réaction des +gilets jaunes+ sur ce qui s'est passé hier (samedi), ainsi qu'un plateau pour exprimer notre solidarité et rappeler que lorsqu'on commence à agresser des journalistes dont le seul tort est de faire leur métier, cela pose quand même des questions sur la vision qu'on a de la démocratie", a expliqué à l'AFP son rédacteur en chef Léo Lamberton.

"Je déplore complètement ce qui a pu arriver aux copains mais je ne pense pas que la bonne réponse soit de fermer la porte, au contraire", a expliqué à l'AFP un reporter radio pour lequel "ne pas couvrir ce conflit social ne ferait que conforter les quelques dizaines de fascistes au milieu de cet océan de sincérité".

Dans un courriel envoyé dimanche matin aux "gilets jaunes" en Haute-Garonne, Yves Garrec, un des responsables du mouvement, a affiché son "soutien à tous les reporters agressés" et appelé à respecter les journalistes, "majoritairement intègres", au nom de la démocratie.

Deux journalistes du quotidien régional Midi Libre ont aussi déposé plainte samedi à Béziers (Hérault) pour dégradation de l'agence locale et des coups portés par des "gilets jaunes" sur l'un d'eux. 

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