01/11/2016 07:18

La police de Montréal a placé un journaliste canadien sur écoute et a suivi tous ses déplacements grâce à la carte SIM de son téléphone

La police de Montréal, avec l'accord d'un juge, a placé un journaliste canadien sur écoute et a suivi tous ses déplacements grâce à la carte SIM de son téléphone portable afin d'identifier les sources au sein de la police qui pouvaient le renseigner.

Grâce à 24 mandats de surveillance émis depuis le début de l'année, la police a obtenu tous les numéros entrants et sortants du téléphone de Patrick Lagacé, journaliste au quotidien La Presse.

La police a aussi eu accès aux messages SMS reçus ou émis, et a pu localiser le journaliste grâce à la puce du téléphone, a indiqué lundi le journal montréalais. Cela "constitue une attaque sans équivoque contre l'institution qu'est La Presse et contre toute la profession journalistique", a écrit le directeur du journal, Eric Trottier.

"Au Canada, les corps de police semblent tout simplement faire fi des règles fondamentales" de la protection du travail des journalistes, a-t-il ajouté en réclamant de "mettre un terme à ce qui a toutes les allures d'une véritable chasse aux sources journalistiques".

L'ancien responsable des affaires internes de la police de Montréal Costa Labos, muté depuis, a reconnu cette surveillance et le suivi du journaliste. Sans "minimiser" l'affaire, ce policier a justifié ces pratiques:

"Je comprends que certaines personnes puissent avoir été offusquées ou dérangées par le fait que leur téléphone ait été (l'objet de surveillance), mais il faut faire notre travail", a-t-il déclaré à La Presse.

La police cherchait à savoir qui en son sein était en contact avec le journaliste et pouvait lui donner des informations sur des enquêtes en cours.

Vivement critiquée, la police de Montréal a justifié lundi soir sa procédure, tout comme la magistrature qui a délivré les mandats nécessaires.

Sans être certain que des écoutes similaires n'aient pas été ou ne sont pas pratiquées sur d'autres journalistes, le chef de la police de Montréal Philippe Pichet s'est réfugié derrière son "obligation de faire respecter la loi".L'enquête visait un policier soupçonné d'activité criminelle mais "ne visait nullement monsieur Lagacé", a déclaré M. Pichet.

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