20/05/2015 14:49

Pour Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon "se trompe lourdement" dans son "pamphlet"

L’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot s’adresse dans une tribune dans Libération à Jean-Luc Mélenchon, auquel elle reproche de se «tromper lourdement» dans son «pamphlet» intitulé «Le Hareng de Bismarck (Le poison allemand)».

Dans cette tribune écrite sous la forme d’une lettre adressée au leader du Parti de gauche qu’elle appelle «cher Jean-Luc», la députée EELV reproche à Jean-Luc Mélenchon le ton «revanchard» employé dans son ouvrage sorti le 7 mai.

«Nous partageons suffisamment de combats, de colères et d’espoirs pour que nous puissions nous dire les choses franchement. Tes harengs, Jean-Luc, me restent en travers de la gorge», écrit-elle, «je pense que t’exprimant ainsi tu te trompes lourdement».

«La première erreur est psychologique : l’invective n’est pas le meilleur moyen de se faire entendre d’un peuple», explique Cécile Duflot. La deuxième erreur «est de nature politique. Affairé à ta démonstration, tu sembles méconnaître soudain la complexité allemande», ajoute-t-elle. «Enfin, tu sembles donner un poids démesuré au passé dans la construction de l’avenir. L’Allemagne n’est pas notre ennemie. Elle ne l’est plus», continue la députée.

«L’Europe doit être réorientée au bénéfice des peuples et non des marchés. Rien ne doit nous divertir de cette tâche. Ni la soumission à l’ordre établi, ni le goût immodéré pour l’auscultation de cicatrices trop fraichement cautérisées encore pour que l’on joue avec», écrit Cécile Duflot.

«Aussi, quand nous faisions tribune commune pour soutenir Syriza, notre slogan de ralliement était une +autre Europe est possible+, et pas +à bas l’Allemagne!+», rappelle l’ancienne ministre, qui s’était affichée au côté de Jean-Luc Mélenchon, lors d’un meeting de soutien au parti grec.

Qualifiant l’ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle d'«animal politique» «doué» et d'«intellectuel avisé», Cécile Duflot soupçonne dans ses propos «une stratégie de conquête des cœurs». «En mettant ta critique de l’Allemagne au diapason de la nostalgie identitaire, tu penses peut-être de bonne foi détourner la colère populaire des sirènes national-populistes. Il n’en sera rien», estime-t-elle.

«Nous ne partageons pas la même vision de notre nation, de l’identité politique de notre pays. Ta conception de la nation française me semble trop étroite, trop corsetée dans une vision hexagonale sépia», écrit-elle aussi.

«Le meilleur moyen en effet de céder à la volonté de puissance que tu dénonces, serait de renoncer à construire une Europe forte et solidaire, et de se réfugier dans l’exhibition ad nauseam des plaies du passé», prévient-elle.

M. Mélenchon n’a pas manqué de réagir à cette tribune: »@CecileDuflot devrait lire le livre préfacé par Daniel Cohn-Bendit : « Non à l’Europe allemande ». C’est ou moi l’ennemi ?» a-t-il écrit sur son compte Twitter.

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