18/10/2013 10:49

Colombie: Des journalistes menacés contraints de quitter la Colombie

Des organisations de défense de la presse, dont Reporters sans frontières (RSF), ont sonné l'alarme mercredi sur le cas de journalistes qui ont du quitter le pays en raison de menaces, renouvelées après la mise en détention d'un gouverneur de région.

Dans une lettre au président colombien Juan Manuel Santos, RSF signale que l'arrestation du gouverneur "n'élimine pas les menaces" pesant sur ces journalistes réputés, Claudia Lopez, Gonzalo Guillen, Leon Valencia et Ariel Avila, qui travaillent pour plusieurs médias.

Gouverneur de province de La Guajira, région frontalière avec le Venezuela, Juan Francisco Gomez a été interpellé la semaine dernière pour ses liens présumés avec des bandes criminelles, issues en partie d'anciennes milices paramilitaires d'extrême droite, accusées de plusieurs meurtres.

Même si ce volet ne fait pas partie de l'enquête proprement dite, les journalistes mentionnés par RSF, qui ont écrit sur les liens entre le gouverneur et les groupes illégaux, ont été l'objet de menaces, à la suite desquelles ils ont dû quitter le pays pendant plusieurs mois.

Un autre éminent journaliste, Gonzalo Guillen, ancien collaborateur entre autres du quotidien El Tiempo, a "été obligé de quitter le pays", a annoncé pour sa part la Fondation colombienne pour la liberté de la presse (Flip), précisant qu'il faisait partie des journalistes cible d'un "projet d'attentat contre leur vie, en conséquences de leur investigations".

"Il s'agit d'une sortie temporaire", a précisé à l'AFP Pedro Vaca, directeur de la Flip.

M. Lopez, ex directrice de l'ONG colombienne chargée de l'observation électorale, est partie de Colombie début octobre, tandis que M. Avila et Valencia, enquêteurs au sein de la Fondation Paix et Réconciliation, avaient déjà du quitter le territoire il y a quelques mois pour une autre affaire sensible.

RSF souligne que sa requête "n'inclut pas seulement la question de leur protection physique" mais vise "surtout à obtenir justice pour les graves faits révélés par ces journalistes", précise l'organisation dans un communiqué.

"Ces professionnels de l'information ont osé dénoncé l'infiltration de paramilitaires et de narcotrafiquants dans des engrenages du pouvoir", poursuit RSF, précisant que ces journalistes ont reconnu "avoir reçu une protection", tout en soulignant que "ce n'est pas une situation viable à long terme".

Fondées dans les années 80 pour combattre les guérillas communistes, les groupes paramilitaires, accusés de nombreux massacres de civils, ont été officiellement démobilisées en 2006 sous le gouvernement du président Alvaro Uribe. De nombreux élus de la majorité de l'époque ont été depuis poursuivis ou condamnés pour collusion avec ces milices.

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