01/04/2013 16:03

Quand la ministre Fleur Pellerin emballait et vendait des petits gâteaux à Tokyo...

"Madame Ohmori !! C'est vous ? Mais vous n'avez pas changé depuis que je suis venue faire mes stages au Japon !" C'est avec émotion que la ministre française Fleur Pellerin a retrouvé à Tokyo la personne qui lui avait trouvé deux stages ouvriers dans l'archipel, "une expérience marquante".

"Cela fait très plaisir de voir une ancienne étudiante devenir ministre", s'est réjouie Junko Ohmori, représentante au Japon de l'Essec, une grande école de commerce, lors d'une rencontre inattendue avec Mme Pellerin.

"Mais vous savez, les étudiants français d'aujourd'hui ne sont plus comme vous, maintenant ils demandent des stages directement liés à ce qu'ils apprennent et ne veulent pas venir si cela ne correspond pas", s'est désolée cette Nippone parfaitement francophone.

"Mais, dit-elle, au Japon c'est très difficile de trouver des stages, car cette notion n'existe pas à vrai dire. En plus, du fait de la barrière de la langue, les étudiants ne peuvent pas faire grand chose dans les entreprises, alors on leur trouve ce qu'on peut... et ils refusent."

"C'est dommage, car ces stages sont d'abord un moyen de découvrir une autre culture, une autre façon de vivre et de penser", réagit Mme Pellerin.

Et de raconter: "moi, j'ai fait deux stages ouvriers, j'ai emballé des biscuits et je les ai vendus à la gare d'Ueno à Tokyo, c'était une expérience formidable, ... mais pas facile par 35°C en plein mois d'août".

Toute fière, Mme Ohmori enchaîne: "ensuite vous avez fait un stage dans une banque"... "et elle a fait faillite après !", coupe la ministre, toute réjouie par ces retrouvailles.

Retrouvant son sérieux ministériel, Mme Pellerin ajoute: "il faut avoir un peu d'humilité quand on est jeune et qu'on ne maîtrise pas une langue. Pour moi ce fut la plus grande expérience de l'altérité culturelle, dans une entreprise où les femmes faisaient le ménage elles-mêmes le matin, de la gymnastique. C'est très bien comme stage pour devenir féministe, je vous assure !".

En dépit de la meilleure connaissance internationale qu'offrent a priori l'internet et la communication électronique, l'attirance et l'adaptation des jeunes à l'étranger ne va pas de soi.

"Les jeunes Japonais non plus ne veulent pas partir à l'étranger", selon Mme Ohmori qui pointe du doigt la difficulté grandissante d'attirer des étudiants nippons en France, à cause aussi de soucis administratifs.

"La compréhension réciproque et l'amitié entre les deux cultures c'est vraiment important et il faudrait que les jeunes le comprennent davantage", poursuit Mme Pellerin..

"Il faut que la France se donne les moyens de susciter les mouvements internationaux d'étudiants si l'on veut accroître les échanges. Il faut que les jeunesses se connaissent et pour cela il faut une vraie politique de mobilité universitaire. Je pense qu'il serait utile de définir des priorités sectorielles en fonction des zones géographiques de provenance des étudiants", explique la ministre.

Mais pour cela, dit-elle, il faut résoudre les problèmes de visas pour les étudiants et les entrepreneurs.

En revoyant Mme Ohmori, Fleur Pellerin n'en était pas à sa première émotion asiatique. Deux jours plus tôt, elle était en Corée du Sud, pays où elle est née mais qu'elle a quitté à l'âge de 6 mois, adoptée par un couple français.

Bien que suivie par une meute de journalistes, elle assure que "c'était un voyage officiel et professionnel qui l'est resté". Non sans ajouter: "c'était vraiment émouvant parce que la génération des personnes qui étaient adultes dans les années 1970 ressentent une sorte de malaise vis-à-vis de l'adoption internationale et il y avait dans leur attitude comme une rédemption par la reconnaissance et le respect, ainsi qu'une vraie sympathie populaire, très chaleureuse". Reste que Fleur Pellerin insiste: "je suis physiquement asiatique mais je ne suis pas biculturelle, il n'y a pas plus française que moi".

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Vos réactions

Portrait de TheVoice
1/avril/2013 - 18h12 - depuis l'application mobile

J'ai assisté à un discours de Fleur Pellerin : convenu, vieux jeux... qui tranche avec sa "jeunesse" et avec un certain dynamisme qu'elle pourrait éventuellement incarner, mais non... L'assistance composée de chefs d'entreprises dont elle est la ministre n'a pas du tout accroché... perso, je n'ai rien contre elle mais on aurait peut être pu mettre quelqu'un de plus "entrepreneur" a sa place. Il faut dire que du côté socialiste, il n'y a pas beaucoup de personnes qui connaissent le monde de l'entreprise. Cette histoire de "stages" au Japon communiquée à propos, est sans doute la pour nous dire que Fleur Pellerin y connait quelque chose au monde de l'entreprise puisqu'elle a fait des stages...