Luttes d'influence au sommet, rédaction décapitée, ambiance "plombée" et
incertitudes financières : créée par Jacques Chirac pour porter la voix de
la France dans le monde, la chaîne publique France 24 traverse une passe
difficile à un tournant important pour son avenir.
Le directeur adjoint de
la rédaction, Albert Ripamonti, qui était à France 24 depuis le début, a
claqué la porte jeudi pour partir à i-TELE (groupe Canal+), en remplacement
de Thierry Thuillier, parti à France Télévisions.
Ce départ, qui a crée un
"choc" dans la rédaction, intervient peu après la mise à pied, sans
ménagement, du directeur de la rédaction, Vincent Giret.
La rédaction (280
journalistes) se retrouve ainsi décapitée, résultat d'une "lutte
d'influence" entre Alain de Pouzilhac, le PDG, et sa directrice générale
déléguée, Christine Ockrent.
Ce "tandem" avait été choisi par Nicolas
Sarkozy au moment de la création, en 2007, de l'Audiovisuel extérieur de la
France (AEF, une holding qui a absorbé France 24, Radio France
Internationale et une partie de TV5Monde).
Leur nomination avait fait des
remous, la journaliste étant aussi la compagne de longue date du ministre
des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. "Depuis le début ils ne
s'aiment pas", résume une journaliste sous couvert d'anonymat. Une animosité
qui a franchi un cap cet été, lorsque M. de Pouzilhac a rétrogradé Mme
Ockrent au poste de directrice générale déléguée, elle qui était jusqu'en
juillet directrice générale.
Vincent Giret, un proche de Mme Ockrent, se
serait vu reprocher par Alain de Pouzilhac d'avoir plombé les comptes en
embauchant trop de journalistes. Mme Ockrent aurait de son côté refusé de
promouvoir M. Ripamonti au poste de directeur de la rédaction, provoquant
son départ.
"Elle a mené une véritable guerre psychologique" à son encontre,
affirme un salarié. D'autres sources affirment au contraire que M. Ripamonti
cherchait de toutes façons à partir.
La semaine dernière les salariés
avaient voté une motion de confiance à M. Ripamonti, craignant son
limogeage.
"On le pleure. Ripamonti, c'était le dernier ciment de la
rédaction. Il a mouillé sa chemise depuis le début, c'était lui le vrai
patron, la mémoire de la chaîne", affirme un membre de la rédaction.
"L'ambiance est mauvaise, les gens sont assez abattus", témoigne un délégué
de la CFE-CGC.
La chaîne publique connaît "sa deuxième plus grosse
crise" depuis le licenciement, en 2008, du directeur de la rédaction,
Grégoire Deniau, selon un journaliste. Et ce à un tournant important : elle
doit passer à une diffusion 24 heures sur 24 de son antenne arabophone,
changer sa grille du soir...
Au-delà des querelles de chefs, certains
dénoncent une manière de travailler en "flux tendus" dans une rédaction "low
cost" où, selon la CGT, "on part de moins en moins sur le terrain".
Sa
situation financière provoque aussi des inquiétudes. La semaine dernière, la
CFDT avait déposé un préavis de grève - finalement levé - pour dénoncer la
"gestion arbitraire", tandis qu'un dérapage financier a été évoqué.
Lundi, un comité extraordinaire a été convoqué. Si la direction n'apporte
pas de réponses satisfaisantes, les syndicats pourraient, selon la CFE-CGFC,
voter un droit d'alerte. Sollicitée par l'AFP, la direction de France
24 n'avait pas réagi vendredi soir.
Le budget global de France 24,
fondée en 2006, est de l'ordre de 90 millions d'euros. Si aucun chiffre
officiel n'a été révélé, l'hypothèse d'un déficit prévisionnel de plusieurs
millions d'euros pour 2011 est avancée.
"Si l'Etat ne remet pas
massivement au pot, l'AEF sera fragilisée", affirme un journaliste.
Vos réactions
I-télé est devenue la meilleure chaîne info ,
france 24 c'est quoi déjà?
bon courage Mr Ripamonty. venir après l'excellent Thuillier...pas facile comme tâche, surtout qu'i-télé était en hausse ces derniers mois.
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