Par Séverine ROUBY
La journaliste Véronique Robert, blessée lundi en Irak dans l'explosion d'une mine qui avait déjà tué deux de ses confrères irakien et français pendant un reportage, est morte à son tour samedi en France des suites de ses blessures.
"C'est avec une très grande tristesse que la direction de l'information de France Télévisions vient d'apprendre le décès de la journaliste Véronique Robert suite aux blessures subies lors de l'explosion d'une mine à Mossoul, en Irak", a annoncé France Télévisions dans un communiqué.
La journaliste de nationalité suisse effectuait un reportage sur la bataille de Mossoul pour la société #5 Bis Productions qui devait être diffusé dans l'émission "Envoyé Spécial" de France 2.
Âgée de 54 ans, la grand reporter collaborait avec plusieurs médias en Suisse et en France, notamment Marianne, Le Figaro ou encore Paris Match pour qui elle avait récemment réalisé une série de reportages sur l'Irak.
Grièvement blessée par l'explosion de la mine, elle avait été opérée à Bagdad dans l'hôpital d'une base militaire américaine, avant d'être rapatriée en France dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'hôpital militaire de Percy près de Paris.
"C'était quelqu'un de très déterminé. Les médecins américains nous on dit que, même dans le coma, elle avait un mental extrêmement puissant", a dit à l'AFP Emilie Raffoul, directrice de #5 Bis Productions, qui travaillait avec elle depuis une quinzaine d'années.
"Elle avait l'habitude des combats, c'était une professionnelle de la guerre qui avait couvert plusieurs conflits, spécialiste du Proche-Orient", a-t-elle ajouté.
"Elle était extrêmement rigoureuse dans la préparation des reportages, les choses étaient réglées au millimètre à tous les points de contact. Elle était très responsable", selon la productrice, qui s'était rendue à son chevet en Irak mardi aux côtés de la responsable des magazines à France Télévisions Dominique Tierce et de la grand reporter Dorothée Olliéric.
'Femme hors norme'
L'explosion avait déjà tué deux journalistes : le JRI français Stéphan Villeneuve, 48 ans et leur "fixeur" irakien Bakhtiyar Addad, 41 ans.
Samuel Forey, un autre journaliste français qui les accompagnait, a été blessé légèrement.
L'Elysée avait annoncé mardi que Stéphan Villeneuve allait être fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.
"On attendait une moins mauvaise nouvelle cette semaine. Elle ne viendra pas. Véronique Robert est décédée ce matin, en France, entourée de ses garçons. Vous découvrirez dans des portraits cette femme hors norme. Le mot tristesse est bien trop court pour décrire ce que l'on ressent", a écrit sur Facebook son producteur Nicolas Jaillard.
La journaliste laisse deux enfants, Sébastien et Alexandre, tous les deux adultes.
"Le décès de Véronique Robert ajoute à la tristesse de tous ceux qui sont attachés au grand reportage", a déclaré sur Twitter le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire.
"Pensées à sa famille, à celle de Bakhtyar Addad et à ceux qui risquent leur vie pour nous informer", a réagi sa consoeur de Paris Match, Valérie Trierweiler.
La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a également fait part sur Twitter de son "émotion à l'annonce du décès de Véronique Robert, grande journaliste de guerre".
Spécialiste du Proche-Orient, Véronique Robert a longtemps vécu à Dubaï où elle avait milité pour la création d'un centre de traitement pour les mineurs victimes de viol, au cours du procès médiatisé du viol de l'un de ses fils il y a une dizaine d'années.
Dans ce cadre, elle avait appelé à boycotter Dubaï en lançant un site internet, www.boycottdubai.com. Elle avait entrepris des actions en justice en France et en Suisse contre plusieurs très hauts responsables des Emirats et de Dubaï pour "mise en danger de la vie d'autrui".
L'Irak est l'un des Etats les plus meurtriers au monde pour les journalistes. Selon RSF, en comptant ces trois décès, le conflit en Irak a fait 29 morts depuis 2014 parmi les journalistes.
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Vos réactions
Vous n'avez pas honte de votre commentaire. Les soldats nous défendent et les reporters de guerre sont là pour nous informer. Ce ne sont pas de la chaire à canon. Malgré comme vous dîtes qu'ils sont payés pour celà. Honte à vous la réaction que vous avez envers ces gens qui risque leur vie pour nous informer.
Franchement pourquoi aller dans des pays en guerre, pour l'infos? Les journalistes se croient tout permis et de temps en temps il y a un rappel , dommage pour eux mais c'est les risques de leurs métier comme les militaires ils sont payés pour cela donc cela ne me fait ni chaud ni froid quand j'apprends de telle nouvelle... Enfin merci a Elise Lucet de faire courir des risques fous pour soi-disant avoir de l'info!!!
D'une manière générale, s'il n'y avait pas les reporters surtout ceux de guerre (journalistes, photographes, caméramen), beaucoup de choses seraient cachées sur la réalité ou l'existence d' événements (massacres de populations civiles, génocides, emploi d'armes chimiques, exactions des terroristes ou du régime en place, révolutions, kidnappings d'opposants) et c'est cette connaissance qui fait bouger aussi les autres, qui montrent le vrai visage de certains états, ennemis ou alliés. Sinon on se contente de la propagande bien arrangeante des régimes qui verrouillent les infos et on ne se pose plus de questions sur nos sociétés, sur ce que l'homme et capable de faire, le meilleur comme le pire. Vivons dans le déni et tout ira bien?
Regardez comment la répression de Tienanmen est inconnue des jeunes générations continentales grâce au bâillon posé sur la bouche des médias chinois depuis presque de trente ans. Des journalistes risquent encore leur vie s'ils osent en parler et recueillir les témoignages des victimes ( elles-mêmes en danger).
La photo de la fillette nue brûlée au naplam par l'aviation sud-vietnamienne a concrétisé les souffrances du peuple vietnamien. Elle a fait la une des tous les journaux de l'époque, elle a été un électrochoc.
Les reporters prennent des risques mais c'est pour que nous ne soyons pas ignorants.
Franchement pourquoi aller dans des pays en guerre, pour l'infos? Les journalistes se croient tout permis et de temps en temps il y a un rappel , dommage pour eux mais c'est les risques de leurs métier comme les militaires ils sont payés pour cela donc cela ne me fait ni chaud ni froid quand j'apprends de telle nouvelle... Enfin merci a Elise Lucet de faire courir des risques fous pour soi-disant avoir de l'info!!!
Les journalistes sont une plaie pour les soldats qui se battent , puisqu'ils doivent en plus faire les nounous avec les journaleux, des soldats journalistes oui mais stop avec les civils...
R.I.P
Franchement pourquoi aller dans des pays en guerre, pour l'infos? Les journalistes se croient tout permis et de temps en temps il y a un rappel , dommage pour eux mais c'est les risques de leurs métier comme les militaires ils sont payés pour cela donc cela ne me fait ni chaud ni froid quand j'apprends de telle nouvelle... Enfin merci a Elise Lucet de faire courir des risques fous pour soi-disant avoir de l'info!!!
Métier à risques, on l'oublie trop souvent. Rien à voir avec les potiches qui présentent le journal. RIP
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