22/01/2017 13:30

2016, année la plus meurtrière pour la presse dans l'histoire de l'Afghanistan

L'année 2016 aura été la plus meurtrière pour la presse dans l'histoire de l'Afghanistan, avec 13 journalistes tués, "un chiffre sans précédent" selon le Comité pour la sécurité des journalistes afghans (AJSC).

Ce bilan fait de l'Afghanistan "le deuxième pays le plus dangereux pour la presse après la Syrie", a insisté jeudi le président du Comité, Najib Sharifi, présentant son rapport semestriel et annuel. Pour les auteurs du rapport, ce bilan est imputable "à un changement majeur d'attitude des talibans envers la presse, ainsi qu'à une augmentation générale de l'insécurité et de l'instabilité dans le pays".

Le nombre des violences à l'encontre de la presse, avec plus de cent cas répertoriés, a augmenté de 38% par rapport à 2015. La moité est imputable à des représentants des autorités. Cependant, les talibans, responsables de seulement 20% des violences, sont aussi les plus meurtriers: sur treize journalistes et membres d'organisations de presse tués en 2016, dix l'ont été par les insurgés, dont les offensives se sont étendues à l'ensemble des provinces afghanes.

En janvier 2016, une attaque suicide revendiquée par les talibans contre un minibus transportant les employés de la télévision Tolo News avait fait sept morts à Kaboul, en représailles "à la propagation de fausses informations" selon les insurgés.

En juin, un journaliste américain de la radio publique NPR avait été tué par un tir de roquette avec son accompagnateur, journaliste afghan renommé, alors qu'ils circulaient avec un convoi de l'armée dans le Helmand (sud), fief taliban et haut lieu de la production de pavot. Le comité souligne aussi que sur 101 cas répertoriés, 51 sont le fait de responsables gouvernementaux "ce qui rend le gouvernement responsable" insiste-t-il. Le comité a établi la liste de 30 journalistes agressés et battus, 35 ayant fait l'objet de menaces et intimidations, six journalistes blessés et dix-sept cas de "mauvais traitements et abus".

Dans un communiqué, la délégation de l'Union européenne en Afghanistan a jugé "alarmant que le gouvernement continue d'être responsable de tellement de cas" et l'a appelé à "traduire les responsables en justice". Depuis 2012, 28 journalistes et employés des médias ont été tués en Afghanistan.
Dans son bilan annuel pour 2016, Reporters sans Frontières a classé l'Afghanistan au deuxième rang des pays les plus dangereux pour les journalistes, derrière la Syrie (19 morts).

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