05/04/2016 10:43

Départ surprise du numéro deux de Disney, Thomas Staggs

A deux ans de la fin de règne du PDG de Disney, Robert («Bob») Iger, sa succession est totalement remise en question par le départ surprise de celui qui était considéré comme son dauphin, à un moment déjà délicat pour le groupe confronté au virage numérique.

Le géant américain des médias et du divertissement a annoncé lundi que Thomas Staggs quitterait son poste de directeur d’exploitation le 6 mai, et se contenterait ensuite pour quelques mois, jusqu’à fin septembre, d’un poste de «conseiller spécial» de Bob Iger.

Disney ne donne pas d’explication pour ce départ, mais indique dans son communiqué qu’il va «élargir son processus de succession pour identifier et examiner une liste de candidats solides» pour remplacer Bob Iger, âgé de 65 ans et dont le mandat expire fin juin 2018. Cela laisse entendre que le groupe pourrait envisager un recrutement externe.

Officiellement, Disney n’avait pas jusqu’ici désigné de successeur pour son charismatique PDG. Mais lorsque Thomas Staggs, 55 ans, jusqu’alors en charge des parcs d’attractions et des activités touristiques comme les hôtels et les navires de croisière, avait été nommé directeur d’exploitation en février 2015, la plupart des observateurs y avaient vu le signe qu’il était le dauphin pressenti.

Ce vétéran de Disney se retrouvait en effet propulsé numéro deux du groupe, avec un droit de regard sur les actions de la quasi totalité de l’équipe de direction.

Longtemps considéré comme un autre prétendant potentiel, l’ex-directeur financier, Jay Rasulo, avait d’ailleurs annoncé son départ quelques mois plus tard.

Le départ de Thomas Staggs inquiétait à Wall Street, où le titre Disney perdait 1,75% à 96,95 dollars vers 00H00 GMT dans les échanges électroniques après la clôture.

Les incertitudes sur la succession interviennent en effet à un mauvais moment pour Disney, confronté ces derniers trimestres, comme les autres grands groupes américains de télévision, à un regain d’inquiétudes sur les effets de l’essor de la vidéo en ligne.

Le secteur semble commencer à vraiment ressentir la morsure de la concurrence d’internet. Disney avait notamment dû concéder l’an dernier que même son bouquet star ESPN, en dépit de ses retransmissions sportives en direct, n’était pas immunisé et avait accusé des pertes d’abonnés.

Thomas Staggs avait l’avantage d’une longue expérience chez Disney, où il a passé 26 ans dont douze comme directeur financier.

Il a été crédité d’un rôle important dans des acquisitions d’envergure ces dernières années dans le cinéma, celles des studios d’animation Pixar (créateurs notamment de «Toy Story») en 2006, puis des super-héros de Marvel en 2009, qui ont aidé à élargir l’audience des films de Disney.

Il a aussi présidé à une importante croissance de la division des parcs d’attractions, et notamment beaucoup oeuvré pour le développement à Shanghai du premier parc du groupe en Chine continentale, dont l’ouverture, prévue mi-juin après des retards, est considérée comme un chantier majeur de cette année.

Aucun autre candidat évident ne semble plus aujourd’hui se dessiner en interne. En externe, plusieurs médias américains avaient notamment spéculé il y a quelques années sur Sheryl Sandberg, la numéro deux du réseau social en ligne Facebook, qui siège déjà au conseil d’administration de Disney.

La magazine Variety la cite d’ores et déjà lundi comme candidate possible, de même que deux anciens bras droits de Rupert Murdoch, Chase Carey et Peter Chernin, ou encore le patron de CBS, Leslie Moonves.

Quel qu’il soit, le futur patron de Disney n’aura de toute manière pas la tâche facile. Outre le virage numérique, il devra en effet se mesurer au bilan de Bob Iger.

Depuis son accession à la direction générale en 2005, Bob Iger a réussi à faire presque quadrupler le cours de Bourse de Disney, et à doper ses bénéfices par une stratégie fructueuse d’acquisitions et de déclinaison des marques du groupe à travers toutes ses activités.

Sur son dernier exercice clos fin septembre, le groupe a dégagé un bénéfice net record de 8,4 milliards de dollars.

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