28/03/2016 13:04

ENQUÊTE - Attentats Bruxelles: Les médias entre devoir d'informer et respect de l'enquête

Face aux attentats, les médias s'efforcent de prendre des précautions pour ne pas compromettre les enquêtes en cours, mais dans l'urgence des événements et avec le devoir d'informer, les journalistes marchent sur un fil.

Dimanche, la justice belge a pointé du doigt une "certaine irresponsabilité d'une certaine presse", regrettant qu'une information ait été publiée "beaucoup trop tôt, causant "quelques soucis".

Quelques heures avant l'arrestation du suspect clé dans les attentats de Paris, Salah Abdeslam, l'hebdomadaire français L'Obs avait révélé que ses empreintes avaient été retrouvées dans un appartement perquisitionné près de Bruxelles.

Une chaîne flamande avait ensuite positionné une camionnette à quelques mètres de l'endroit où le suspect allait être arrêté.

En revanche, les médias belges avaient de leur côté globalement respecté le silence radio demandé par la police belge lors d'une importante série de perquisitions menées à Bruxelles, quelques jours après les attentats de Paris.

En France, après les attentats de novembre, le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait salué l'attitude des médias, plus prudents que lors des attentats de janvier.

A chaque nouvel événement, les rédactions prennent la responsabilité de publier ou non les nouvelles informations qui circulent. Après les avoir vérifiées, comment savoir si elles mettent en danger les enquêtes en cours, ou d'éventuelles victimes?

"On a des contacts permanents avec les autorités pour nous dire si oui ou non une information est potentiellement dangereuse. En ce cas, on ne la publie pas", a expliqué Corinne Audouin, journaliste au service police-justice de France Inter.

"C'est évident qu'on ne dit pas tout ce qu'on sait en temps réel".

"Je demande si l'information que j'ai gêne l'enquête. Si on me dit que ça met l'enquête en danger, a priori je ne la sors pas", assure également Jean-Michel Decugis, chef du service police-justice d'iTélé.

Dans le cas des attentats de Bruxelles cependant, il note que les médias belges avaient la primeur des informations sensibles.

Les réseaux sociaux, qui véhiculent un nombre exponentiel d'informations et d'images sur les événements, plus ou moins sourcées, mettent une pression supplémentaire sur les médias.

Ils peuvent alors véhiculer des rumeurs ou des fausses informations, comme l'ont fait des médias mardi en présentant des images d'un attentat de Moscou en 2011 comme des images de l'attentat de Bruxelles.

Mercredi, deux médias belges se sont rétractés quelques heures après avoir annoncé l'arrestation d'un suspect lié aux attentats de Paris. "Ce qui s'est passé ce matin est un leçon magistrale des précautions que nous devons prendre lorsque nous reprenons des citations de sources anonymes", a commenté Chris Morris, correspondant européen de la BBC, sur Twitter.

Pour le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, "les médias doivent faire attention, pour éviter de donner des informations qui ne soient pas justes, ou qui font l'objet d'une exploitation malsaine", a-t-il déclaré.

"Mais je ne crois pas que les informations publiés par les médias nuisent aux enquêtes", a poursuivi Bernard Cazeneuve en souriant. "Car vous êtes en retard, vous n'êtes pas très précis, ou vous n'avez pas les informations.

C'est ce décalage qui permet d'éviter que les informations des médias ne nuisent à l'enquête".

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Vos réactions

Portrait de Caramella
9/avril/2016 - 00h22
Jarod26 a écrit :
trop de règles tue les règles
+5
Portrait de Caramella
9/avril/2016 - 00h21
Mais qui respecte encore tout ça