01/10/2015 10:11

L'Azerbaïdjan a saisi le CSA en réclamant des sanctions contre France 2 après un reportage dans "Cash Investigation"

L'Azerbaïdjan a saisi mercredi le CSA en réclamant des sanctions contre France 2 pour protester contre un reportage qui présentait le pays comme une dictature, et au cours duquel les journalistes de "Cash Investigation" s'étaient fait confisquer des interviews d'opposants.

"La république d'Azerbaïdjan a décidé de demander au président du CSA d’user de ses prérogatives afin d’entamer une procédure de sanction à l’encontre de France 2", explique dans un communiqué l'avocat français de l'Azerbaïdjan, Olivier Pardo.

L'Azerbaïdjan a également déposé mercredi une plainte en diffamation contre la chaîne et les journalistes Elise Lucet et Laurent Richard auprès du tribunal de Nanterre.

Un procès que les journalistes sont convaincus de gagner, avec le soutien d'ONG qui veulent en profiter pour dénoncer le régime.

Le reportage de "Cash Investigation", tourné au moment de la visite de François Hollande sur place, présentait le pays comme une dictature et son président Aliev comme un despote.

"Les journalistes de France 2 ont manifestement manqué à leur obligation de rigueur, d’honnêteté et d’impartialité (...) en choisissant une vision partiale, partielle et orientée de l’Azerbaïdjan", accuse l'avocat.

Après le tournage, deux journalistes du magazine s'étaient fait confisquer les interviews d'opposants et de militants des droits de l'Homme qu'ils avaient réalisées.

"On a fait notre travail de journalistes, le combat de l'Azerbaïdjan va être compliqué", se défend Laurent Richard face aux accusations de l'Azerbaïdjan.

"Nous avons été contactés par de nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme, comme Reporters sans frontières et Amnesty International, qui attendent ce procès avec impatience pour venir témoigner sur la situation en Azerbaïdjan", assure le journaliste de l'agence Premières lignes, qui a produit le reportage.

Les ONG de défense des droits de l'Homme accusent les autorités azerbaïdjanaises d'avoir accru la répression contre l'opposition et la société civile depuis la réélection du président Ilham Aliev, 53 ans, pour un troisième mandat en 2013.

Cette ex-république soviétique du Caucase arrive 162e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse 2015 de RSF, qui y constate "une vague de répression sans précédent".

Au cours d'une procédure similaire en 2011, la fille du président ouzbekh Lola Karimova avait porté plainte contre le site Rue 89 qui la décrivait dans un article comme une "fille de dictateur" et l'accusait de "blanchir" l'image du pays.

La 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris avait débouté cette plainte en diffamation.

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