24/07/2015 10:03

La direction du magazine gay Têtu annonce que la totalité du personnel va être licencié et la marque vendue aux enchères

Le tribunal de commerce de Paris a mis jeudi un point final à l'histoire de Têtu, le seul magazine homosexuel français, qui disparaît des kiosques après 20 ans d'existence, faute de repreneur pour ce journal en déficit chronique et en panne de lectorat.

"Le tribunal a jugé qu'étant donné qu'il n'y avait pas d'offre de reprise sérieuse et valable et qu'il n'y avait plus de rentrés d'argent pour les futurs numéros, il fallait arrêter", a annoncé le directeur de la rédaction, Yannick Barbe.

"Tout le monde est licencié. Cela fait une dizaine de personnes, dont 5 journalistes", a précisé M. Barbe.

Créé en juillet 1995 par des militants de la lutte anti-sida, Têtu a toujours été déficitaire. Le titre avait déjà été placé en redressement judiciaire le 1er juin par le tribunal de commerce de Paris.

"Une conjoncture économique difficile, des problèmes structurels de distribution, des agences de publicité pusillanimes...", résume le propriétaire du titre, Jean-Jacques Augier, sur le site du mensuel pour expliquer cette liquidation judiciaire. Il pointe aussi du doigt "un lectorat gay largement démobilisé, heureux des avancées législatives récentes (le mariage homosexuel, NDLR) et désireux de ne plus se distinguer".

Mais c'est, selon lui, "une erreur largement répandue parmi les gays de penser que l'indifférence à notre différence est définitivement acquise, qu'une page peut être tournée et qu'être ou ne pas être gay n'est plus, sur la place publique, pertinent".

Le magazine, vendu cinq euros, a vu sa diffusion baisser de 12,5% depuis 2010, à 28.275 exemplaires par mois. Son numéro de juillet-août, avec le chanteur Mika en couverture, sera donc le dernier.

Pour Didier Lestrade, essayiste et cofondateur d'Act-Up et de Têtu, le magazine "est devenu mou du cul".

"L'histoire de la loi sur le mariage pour tous, qui a duré plus de dix-huit mois, aurait dû porter Têtu. Mais ils ont mis trop de temps à prendre la mesure de la violence de la réaction des anti, regroupés dans la Manif pour tous. Ils ne se sont pas fait l'écho non plus du mécontentement lié à l'abandon par le gouvernement de gauche de la PMA pour les lesbiennes et de la GPA", a-t-il jugé dans Libération.

A la différence de la publication papier, "le site Têtu.com qui, à lui tout seul, est rentable, va encore continuer pendant quelques semaines, histoire de ne pas arrêter complètement le robinet", a indiqué Yannick Barbe.

La marque Têtu devrait être mise aux enchères à la rentrée et pourra être reprise, comme ce fut le cas pour France-Soir.

"On espère que ça tombera dans des mains bienveillantes", a souhaité le directeur de la rédaction.

Outre Têtu, Yagg.com, site internet spécialisé dans les questions lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT), connaît aussi des difficultés financières, faute d'un nombre suffisant d'abonnés. Si d'autres titres destinés aux lesbiennes, comme Well Well Well (semestriel) ou Jeanne Magazine (numérique), ont vu le jour récemment, "ce n'est pas la même périodicité, pas le même format. Têtu avait l'avantage d'offrir un lien régulier avec la communauté", souligne Nicolas Rividi, porte-parole de l'inter-LGBT, fédération d'associations de défense des homosexuels.

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Vos réactions

Portrait de christophe75
14/janvier/2016 - 11h18

Bonjour,

 

Effectivement on ne peut pas dire que la page est tournée et que l’indifférence à notre différence est définitivement acquise.

 

Je suis Comptable depuis 3 ans dans une grosse association catholique.

J’ai été licencié en juillet 2015.

Il n’y a pas eu de mise à pieds immédiate car les griefs n’étaient pas suffisamment importants pour le justifier.

Le préavis de 2 mois m’a été payé, mais j’ai été dispensé de le faire.

En 3 ans j’ai eu qu’un seul entretien d’évaluation en juin 2013 et il était des plus élogieux, et depuis plus rien.

En 3 ans je n’ai jamais eu de reproche ni oraux ni par écrit de la part de ma hiérarchie, du DRH, du secrétaire général, pas d’avertissement pas de blâme.

Je n’ai jamais eu de retard, aucune absence injustifiée, pas d’arrêt maladie.

Et ils/elles sont passés directement au licenciement.

 

J’ai eu la présence d’esprit de tenir un journal de bord où je consignais toutes mes souffrances et ce que je vivais sur le lieu du travail, sous forme d’email à moi même, j’ai également imprimé et emporté chez moi des emails professionnels.

Heureusement car le jour où j’ai été licencié je n’ai pas eu la possibilité d’emporter quoique se soit… je n’ai même pas pu dire au revoir…

 

En septembre j’ai envoyé un mail général « d’au revoir » à tous mes collègues, à la Direction, et au Recteur, en reprenant tous les éléments ci-dessus. Je n’ai eu aucune réponse. Le Recteur, et la Direction connaissaient donc tous les éléments ci-dessus.

Le mois suivant il y a eu la convocation devant le bureau de conciliation.

 

L’affaire devrait normalement être jugée aux Prud’hommes mi avril 2016, pour licenciement discriminatoire.

Jamais une TPE ou une PME n’aurait osé faire cela… ou du moins ils s’y sauraient pris autrement…

Que risque t ils ?

Il est question de quelques mois de salaire d’indemnité… je suis un employé.

Pour eux c’est moins qu’un pti pois.

A ce jour je suis toujours demandeur d’emploi.

Le pire c’est que je suis catholique pratiquant et qu’ils le savaient…

 

Avant de rentrer chez eux, j’ai travaillé dans une certaine société dont il faut avoir un passé professionnel, pénal et moral irréprochable et ils le savaient tous.

 

Et ils sont passés directement au licenciement.

 

Pour moi le message est clair : on t’enlève le pain de la bouche, et on te licencie pour faute pour t’empêcher de retrouver du travail et de vivre dignement.

 

Tout ceci est ce bien chrétien ?

 

Rien n’est acquis et il ne faut pas grand chose pour que les vieux démons réapparaissent.

Il faut rester vigilant et ne pas croire que nous sommes à l’abris, quelque soit le pays, et que le fait de ne pas travailleur pour la « World Company » vous met à l’abri… 

Portrait de c.moi.bzh
26/octobre/2015 - 18h45

Bonjour,

la rédaction peut t'elle nous dire ou en est le projet de reprise du site tetu.com?

d'avance merci

Portrait de Kylen_chan
24/juillet/2015 - 13h53

"Têtu, le magazine homosexuel" ?? J'ignorais qu'un journal pouvait avoir une sexualité propre, on en apprend tous les jours smiley

Portrait de Charlotte1414
24/juillet/2015 - 13h00

Trop cher et trop de pub! Voilà ce qui se passe pour ce magazine.

Portrait de Pascaldenamur
24/juillet/2015 - 10h59

Je lisais Têtu. Mais j'ai arrêté. Car le contenu devenait plus hétéro que gay et lesbienne. Et puis le prix en Belgique c'était 6,5 euros. Pourquoi ne pas avoir fais un magasine, moins luxueux, mais avec des histoires, des romans photos gay et lesbiens. Têtu à la fin c'était de long article et des pubs. Dommage pour ce magasin, et surtout dommage pour ces journalistes et membres du personnel qui se retrouve sans emplois. Bonne chance à eux pour l'avenir.

Portrait de spidey81
24/juillet/2015 - 10h37 - depuis l'application mobile

Triste :(