28/03/2015 15:26

Enquête - Radio France: La grève se prolonge et Manuel Valls accentue la pression sur Mathieu Gallet

Par Laurence BENHAMOU

La grève à Radio France, qui dure depuis 9 jours, va se prolonger jusqu'à lundi inclus, au risque de perturber la couverture des élections dimanche, en dépit de la pression accrue du gouvernement sur le PDG Mathieu Gallet pour qu'il dénoue la crise.

Après la ministre de la Culture Fleur Pellerin mercredi, Manuel Valls a à son tour réclamé vendredi la fin du mouvement, le plus long depuis dix ans, en demandant à Mathieu Gallet de renouer le dialogue social et d'"assumer pleinement ses responsabilités". "Il faut que cette grève s'arrête.

Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases et il faut que Mathieu Gallet, comme la ministre Fleur Pellerin lui a demandé, nous fasse des propositions pour redresser Radio France.

Il faut que Mathieu Gallet assume pleinement ses responsabilités", a-t-il déclaré sur iTELE.

Vendredi en AG, les syndicats ont décidé de reconduire la grève jusqu'à lundi soir, juste avant d'entrer à nouveau en négociations avec la direction. Leurs revendications portent sur le maintien de l'emploi mais aussi sur plusieurs demandes catégorielles, ce qui a poussé le SNJ (Syndicat national des journalistes) à ne pas y participer.

"Il y a davantage de grévistes, notamment des producteurs de France Inter, France Culture et France Musique", a assuré un responsable syndical.

De son côté, la direction affirme que le mouvement n'est suivi que par quelques centaines de personnes (sur 4.600 salariés).

Les antennes de toutes les stations sont en tout cas largement paralysées depuis jeudi 19 mars, avec une bande musicale à la place des programmes. Le mouvement risque d'affecter la couverture du second tour des élections départementales de dimanche.

Mercredi déjà, la ministre de la Culture Fleur Pellerin avait repris fermement la main sur ce dossier en "convoquant" Mathieu Gallet pour le sommer de fournir "sous 15 jours des propositions précises et fermes" sur la stratégie de l'entreprise.

"Ce n'est pas une question de personne. Le seul sujet qui importe est l'avenir de l'entreprise publique", a indiqué vendredi le ministère.

Au ministère, on fait valoir que malgré plusieurs pistes d'économies évoquées depuis 6 mois par Mathieu Gallet au fil des réunions avec l'Etat ou dans des déclarations à la presse, le PDG de Radio France n'a toujours pas présenté à l'Etat un plan stratégique complet et n'a alerté que très tard sur la situation financière de Radio France.

Le groupe sera en déficit de 21,3 millions d'euros cette année.

Radio France doit négocier courant avril avec l'Etat un COM (Contrat d'objectifs et de moyens) qui doit fixer pour 5 ans le budget et la stratégie du groupe. L'Etat lui fournit 90% de ses ressources, via la redevance.

Sans attendre l'issue de ces discussions, Mathieu Gallet a jeté un pavé dans la mare cette semaine en proposant devant le CCE un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés.

Reçus par le cabinet de Fleur Pellerin mercredi, les syndicats de Radio France lui ont demandé si le ministère approuvait ce plan, "sans obtenir de réponse claire". "A leur silence, nous avons compris que le ministère ne lui interdisait pas de recourir à l'emploi comme levier pour résoudre les problèmes financiers du groupe", a déclaré un syndicaliste.

En revanche, l'intervention de Manuel Valls a irrité certains syndicalistes.

"Le gouvernement se focalise sur Mathieu Gallet, c'est un peu facile. Il se défausse un peu sans faire en sorte que ça s'arrange. Quand on a rencontré la tutelle, ils nous ont fait des beaux discours mais n'ont pas répondu à nos inquiétudes", a déclaré Renaud Dalmar, délégué CFDT.

"Je trouve scandaleux que le Premier ministre veuille se donner le beau rôle et fasse tout reposer sur les épaules de Mathieu Gallet. Si on est dans cette situation, c'est parce que l'Etat n'a pas fait face à ses obligations de financement", a commenté de son côté Jean-Paul Quennesson de SUD.

La direction de Radio France s'est bornée vendredi à "réaffirmer sa volonté de trouver une sortie à la grève".

"Les négociations se poursuivent et ne sont jamais interrompues" a-t-elle assuré.

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