08/04/2014 18:03

L'obésité ne recule pas chez les très jeunes Américains depuis une dizaine d'années, selon une étude

Contrairement à ce qu'indiquaient récemment les autorités fédérales, l'obésité ne recule pas chez les très jeunes Américains depuis une dizaine d'années, selon une étude publiée lundi qui révèle aussi l'accroissement de l'obésité extrême.

"Hormis une augmentation de l'obésité extrême, la prévalence de l'obésité n'a pas vraiment changé au cours des 14 dernières années", conclut le Dr Asheley Cockrell Skinner de la faculté de médecine de l'Université de Caroline du Nord et principal auteur de la recherche publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Ces résultats sont basés sur une analyse des données portant sur 26.690 enfants de 2 à 19 ans entre 1999 et 2012 menée dans le cadre d'une enquête nationale sur la santé et la nutrition.

Selon les chercheurs, 17,3% des enfants et adolescents américains étaient obèses en 2012, un taux quasiment inchangé par rapport à 1999. Toutefois la proportion des jeunes extrêmement obèses a doublé sur cette période, passant de 0,9% à 2,1%.

L'obésité extrême, ou morbide, se définit par un indice de masse corporelle (poids divisé par la taille au carré) supérieur à 40. Ainsi, un garçon de dix ans mesurant 1,37 m qui pèse 43 kg est considéré comme obèse, et souffrant d'extrême obésité si son poids est de 59 kg ou plus.

Ces conclusions contredisent un rapport des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) du 25 février qui montrait une baisse spectaculaire de 43% de l'obésité chez les 2 à 5 ans entre 2003 à 2012, dont le taux est passé de 14% à 8%.

Cette baisse, la première constatée dans la prévalence de l'obésité infantile, avait fait la une du New York Times et avait été saluée par la première Dame des Etats-Unis, Michelle Obama qui mène une campagne contre la malbouffe et le surpoids.

Les CDC ont analysé les mêmes statistiques sur les dix dernières années à partir de 2003, qui pour des raisons inexpliquées, a connu une poussée du nombre de cas, explique à l'AFP le Dr Skinner.

"Si vous commencez en 2003 et comparez avec les chiffres des années suivantes, vous assistez à une forte baisse. Mais en réalité après 2003 les chiffres ont retrouvé leur niveau des années antérieures, ce qui signifie que le taux (d'obésité) est resté plat entre 1999 et 2012", précise-t-elle.

Le Dr Skinner souligne que "techniquement le rapport des CDC est exact mais que l'interprétation des statistiques est fausse", précisant que son étude n'était pas une réponse à cette analyse.

"Ma recherche était terminée en octobre 2013", ajoute-t-elle, estimant que "ce sera intéressant de voir comment les CDC vont répondre".

Le Dr Skinner a jugé "important que cette question fasse l'objet d'un débat public car le rapport des CDC présente le risque de faire penser au grand public que l'obésité des enfants s'améliore et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter".

"Nous avons fait tellement de choses aux Etats-Unis pour essayer de faire reculer l'obésité, en vain, car les taux restent inchangés", déplore-t-elle.

"Je pense que c'est dû à la manière dont nos enfants se nourrissent, l'alimentation qui nous est proposée et au fait qu'ils sont moins actifs physiquement à cause de la télévision et des jeux vidéo", poursuit-elle.

Pour elle, "l'augmentation des formes les plus extrêmes d'obésité chez les enfants et adolescents est le plus préoccupant car elle est clairement liée au risque de maladies cardiaques et au diabète qui est aussi plus difficile à traiter", explique la pédiatre.

Selon le Dr Joseph Skelton, du centre médical de l'Université Wake Forest en Caroline du Nord, co-auteur de l'étude, "des progrès ont été faits en matière de politique de santé pour faire passer les bons messages mais on doit faire plus pour aider les familles à avoir une vie plus saine au quotidien".

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