25/01/2014 15:31

Etre candidat aux municipales exige des moyens financiers et cela peut être un pari risqué!

Etre candidat aux municipales exige, outre de l'ambition beaucoup d'énergie et un programme politique, des moyens financiers et cela peut être un pari risqué.

Le financement des campagnes électorales est très réglementé à partir des villes de plus de 9.000 habitants afin de permettre aux citoyens de se présenter et d'éviter la corruption.

Les dépenses sont plafonnées selon le nombre d'habitants, de 2,06 eur à 0,65 eur par tête. Par exemple, les listes qui concourent à Bastia (43.008 hab) ne peuvent dépenser plus de 56.810 euros au 1er tour et 78.560 euros au second tour.

Le candidat doit désigner un mandataire financier pour gérer son compte de campagne, document récapitulant toutes les dépenses et recettes et qui sera ensuite passé au crible par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politique (CNCFP).

Seuls les documents officiels (bulletins de vote, professions de foi et affiches) sont pris en charge par l'Etat.

Toutes les autres dépenses doivent être justifiées par une facture, un ticket de caisse etc..

"La commission est de plus en plus sévère. On peut faire des erreurs. En 2002, j'avais acheté un massicot de 40 euros que j'ai déclaré, sauf qu'il s'agissait d'un matériel durable et je n'avais pas prévu l'amortissement", raconte Pierre Le Guerinel, adjoint sortant et tête de liste UDI à Maurepas (Yvelines).

L'erreur peut coûter cher: sanctions financières, pénales et même inéligibilité.

Les possibilités de financement sont restreintes: dons de particuliers limités à 4.600 euros par personne, participation des partis et apports des candidats.

Les partis contribuent pas ou peu aux campagnes des candidats qui devront en revanche une fois élus cotiser sur leurs indemnités.

Beaucoup comptent sur le remboursement par l'Etat de 47,5% du plafond de dépenses mais à condition d'avoir obtenu au moins 5% des voix.

Les candidats dépensent en général moins que ce plafond pour se donner une marge et être mieux remboursés.

Au PS, "l'immense majorité des équipes de campagne vont dépenser en moyenne 60% du plafond", décrit Alain Fontanel, secrétaire national aux fédérations. Pour le reste "10 à 15% sont des appels aux dons" et "une contribution peut être demandée aux premiers de liste, ceux sûrs d'être élus". "Le Parti national ou local peut abonder: dans les faits, le PS, nationalement, ne le fait pas car c'est trop compliqué. Localement , certaines fédérations prévoient une caisse avec une partie des cotisations".

Mais dans la majorité des cas il n'intervient pas.

Des candidats empruntent ou "se débrouillent"

"Nous avons une enveloppe de 14.500 euros, nous allons essayer de ne pas dépasser 12.000 euros, j'emprunte 10.000 euros et le reste est auto-financé par moi", indique Pierre Aylagas, maire PS depuis 2001 d'Argelès-sur-mer (Pyrénées-Orientales, plus de 10.000 habitants).

A l'UMP, "pas de financement par le national". Mais des fédérations participent, comme à Strasbourg où la candidate Fabienne Keller "bénéficie d'une avance de l'UMP départementale de 30.000 eur" et pour le reste de "dons". Elle dispose d'un plafond de dépense de 255.000 eur pour le 1er tour. Ses co-listiers participeront aux frais: "réunions, reproduction de documents, permanence - 1.400 eur par mois-, envoi de courrier".

Les candidats UDI-MoDem "se débrouillent". "J'ai toujours payé tout seul par emprunt bancaire et j'ai mis de côté mon indemnité d'élu", rapporte Pierre Le Guerinel (UDI).

Europe Ecologie-Les Verts "n'a pas les moyens de financer les municipales" et "les candidats empruntent". "Certaines instances régionales se portent garantes quand les candidat-es ne peuvent pas le faire. Et dans de rares cas, elles avancent une partie du budget", explique David Cormand chargé des élections.

Le Front national et le Parti communiste contribuent davantage.

"En général les têtes de liste font des emprunts, ceux qui n'ont pas les moyens s'adressent aux fédérations qui consentent des prêts à ceux qui seront remboursés et des dons aux autres", souligne Serge Leblond, trésorier des comptes de campagne du PCF.

"Une partie est financée par le siège, qui fournit plusieurs prestations (documents, site Internet), et fait des prêts aux candidats", explique Nicolas Bay, secrétaire général adjoint du FN. Une partie de ces prêts est assurée par Jeanne, le micro parti de Marine Le Pen, une partie par les fédérations. "Les candidats doivent toutefois financer de 30% à 50% de leurs dépenses" avec "leurs propres fonds".

Pour Paris, Marseille et Lyon il y a des comptes pour chaque arrondissement ou secteur. Le candidat à la mairie prend une part des dépenses. A Paris, par exemple, Nathalie Kosciusko-Morizet contribue pour "45% au budget global de 2 millions d'euro, soit 900.000 euros" uniquement financé par des dons et elle a créé "une structure ad hoc NKM Paris 2014", selon Béatrice Furon, responsable du pôle financier de sa campagne.

Aucune règle de financement n'est en vigueur pour les villes de moins de 9.000 habitants.

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