12/06/2013 13:53

Grèce: Le gouvernement annonce le dépôt d'un projet de loi réorganisant tout l'audiovisuel public

Le gouvernement grec a annoncé mercredi le dépôt d'un projet de loi réorganisant tout l'audiovisuel public en Grèce autour d'une nouvelle entité baptisée Nerit, après la fermeture autoritaire la veille, à la stupeur générale, de la vénérable radiotélévision publique ERT.

"Un projet de loi sur la nouvelle radio, internet et télévision grecque a été déposé aujourd'hui (mercredi) au secrétariat général du gouvernement et il sera abordé lors d'une réunion dans l'après-midi de la commission des projets de loi", a indiqué un bref communiqué gouvernemental. Ce projet de loi, qui doit être discuté par les trois partis de la coalition gouvernementale et sera déposé au parlement pour être adopté, prévoit la constitution "d'une société anonyme publique appartenant à l'Etat", mais qui "a sa propre organisation administrative et économique et est sous l'égide de l'Etat", selon le premier article de ce projet de loi.

"On ferme une chose qui était louche et qui a été construite d'une manière fausse", a lancé le porte-parole du gouvernement Simos Kedikoglou, en présentant ce projet de loi aux seuls correspondants de la presse étrangère, les journalistes grecs observant une grève de 24 heures.

"On va déposer le projet de loi très prochainement", a-t-il assuré. Selon le projet, "le fonctionnement de la nouvelle radiotélévision" grecque, qui devrait s'appeler Nerit S.A. "ne dépend pas de l'Etat" et "dispose d'indépendance rédactionnelle et de programmation". La fermeture de la ERT, dont l'histoire remonte aux années 50 et dont la lourdeur était critiquée --accusée d'être un foyer de clientélisme politique--, entraîne le licenciement de près de 2.700 employés, dont 677 journalistes.

"Tout le monde disait que la ERT devrait changer (...), on n'avait pas d'autre choix, les journalistes de la ERT étaient en grève depuis plusieurs mois", s'est défendu M. Kédikoglou, qui est dans la ligne de mire depuis mercredi des deux autres partis de la coalition gouvernementale, les socialistes Pasok et la gauche modérée Dimar ainsi que l'opposition. Depuis plusieurs mois, les salariés de la ERT observaient des arrêts de travail à répétition, protestant contre les coupes salariales imposées, comme à la plupart des salariés et fonctionnaires depuis le début de la crise grecque, et s'opposant au plan gouvernemental pour la restructuration de la société, qui, selon le syndicat de la ERT, prévoit des licenciements et la fermeture de plusieurs stations.

La ERTcomprenait cinq chaînes de télévision, 19 radios périphériques, 35 centres d'émission et six studios à travers le pays. Cette fermeture autoritaire a provoqué des rassemblements spontanés de milliers de personnes et de syndicalistes mardi soir devant le siège en banlieue nord-est d'Athènes, les manifestants qualifiant de "coup d'Etat" la décision du gouvernement dirigé par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras. Cette décision a été prise seulement par la Nouvelle-Démocratie de M. Samaras, les deux autres partis de la coalition gouvernementale, les socialistes Pasok et la gauche modérée Dimar ayant exprimé leur désaccord.

"Nous allons créer une télévision complétement indépendante" et cette décision n'a rien à voir avec la troïka des créanciers UE et FMI, a affirmé M. Kédikoglou devant la presse étrangère. M. Kédikoglou répondait aux accusations de l'opposition et des syndicats qui soutiennent que la ERT "a été sacrifiée" sous la pression de la troïka, dont les hauts responsables sont à Athènes depuis lundi pour contrôler les comptes grecs et la poursuite des réformes.

La plus importante d'entre elles, toujours en retard, est la fusion d'organismes publics et le licenciement d'au moins 2.000 fonctionnaires d'ici fin juin. Autre hypothèse émise par un présentateur, la décision radicale de fermer la radiotélévision publique pourrait permettre de dégager le terrain pour la distribution de fréquences au privé.

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