10/10/2012 12:25

Procès en appel: Les Pussy Riot s'excusent et réclament la liberté

Les trois jeunes femmes du groupe de punk russe Pussy Riot, condamnées en août à deux ans de camp pour une "prière" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou, se sont excusées mercredi à la reprise de leur procès en appel et ont réclamé la liberté.

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, sont accusées de "hooliganisme" et d'"incitation à la haine religieuse" devant le tribunal municipal de Moscou, pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à deux pas du Kremlin, une "prière punk" demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir.

Le procès en appel s'était ouvert le 1er octobre, mais le tribunal avait renvoyé l'affaire après que la prévenue Ekaterina Samoutsevitch a annoncé s'être séparée de ses avocats en évoquant des désaccords sur la ligne de défense adoptée.

"Nous n'avons pas voulu offenser les croyants", a déclaré Mme Samoutsevitch, s'exprimant dans une cage en verre au côté des deux autres prévenues.

"Si cela a été le cas, nous nous en excusons. Notre action était politique. Je dois répondre de ce que j'ai fait moi-même", a-t-elle ajouté en s'exprimant de manière décontractée, main dans la poche.

"Nous sommes toutes les trois innocentes, nous sommes en prison pour nos opinions politiques", a renchéri Mme Alekhina, qui a réclamé, comme Mme Samoutsevitch, l'annulation du jugement en première instance et la liberté.

La troisième, Nadejda Tolonnikova, a elle aussi déclaré qu'elle était prête à s'excuser si elle a offensé des gens, mais "un repentir est impossible car ce serait reconnaître que notre action était antireligieuse, ce qui n'est pas le cas", a-t-elle dit.

"Nous ne nous tairons pas"

Maria Alekhina est revenue sur de récentes déclarations du président Vladimir Poutine qui s'était interrogé sur la signification du nom Pussy Riot.

"Le président considère que le nom de notre groupe est indécent, je vais le traduire, c'est +la révolte des chattes". Cela n'est pas plus indécent que ses appels à buter ses ennemis jusque dans les chiottes", a déclaré Mme Alekhina sous les rires de la salle et les protestations des juges qui l'ont interrompue.

La prévenue faisait référence à une déclaration faite il y a plusieurs années par M. Poutine concernant les rebelles tchétchènes.

"Si notre condamnation est confirmée en appel et que nous partons dans un camp, nous ne nous tairons pas pour autant, même si on nous envoie en Sibérie ou en Mordovie", a encore déclaré Mme Alekhina.

Vladimir Poutine a estimé dimanche que la condamnation des jeunes femmes à deux ans de camp était "correcte". "Elles le voulaient et elles l'ont eu", a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision pro-pouvoir NTV, ajoutant qu'il n'avait "rien à voir" avec cette affaire.

Mais l'avocat de Mme Tolokonnikova, Mark Feïguine, a critiqué mercredi les propos du président M. Poutine, considérant qu'il s'agissait d'"une pression" sur la justice.

L'affaire des Pussy Riot a divisé la société en Russie et suscité l'indignation à travers le monde, dans un contexte d'inquiétudes sur la reprise en main du pays par M. Poutine depuis son retour au Kremlin en mai pour un troisième mandat de président après un intermède de quatre ans comme Premier ministre.

Les jeunes femmes ont continué à recevoir des marques de soutien de l'étranger après leur condamnation, l'icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi ayant appelé récemment à leur libération.

La veuve de John Lennon, Yoko Ono, leur a décerné son prix pour la paix intitulé "LennonOno", et le Parlement européen a décidé de présenter leur candidature pour le prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit.

Ça peut vous interesser

Ailleurs sur le web

Vos réactions