03/01/2012 10:27

Distribution des journaux: la bataille des messageries fait rage

Par Laurent HOUSSAY

 

La volonté de plusieurs éditeurs de presse de quitter Presstalis pour faire distribuer leurs titres par les Messageries Lyonnaises de Presse (MLP) a relancé la bataille entre les deux entreprises, d'autant que MLP propose de distribuer les quotidiens nationaux jusqu'alors chasse gardée de sa rivale.

Alors que la presse écrite traverse une crise sans précédent (baisse des ventes, effondrement de la publicité...) les éditeurs en quête d'économies entendent aussi réduire autant que possible les coûts de distribution en faisant jouer la concurrence entre les deux seuls acteurs, MLP et Presstalis.

L'hebdomadaire Le Point, mais aussi différents titres des groupes Mondadori (Grazia notamment) et Marie Claire, ont annoncé leur départ prochain de la coopérative des magazines, quittant de fait Presstalis.

Les journaux n'ont pas de contrats directs avec Presstalis ou les MLP, mais adhèrent à une coopérative actionnaire de la société de messagerie, lui confiant par voie de conséquence sa distribution.

Face à ce risque d'hémorragie, Presstalis a vu voler à son secours le Conseil supérieur des messageries (CSMP), instance régissant la profession, qui a voté une résolution de "gel des transferts" pour neuf mois. Cette résolution est vivement dénoncée par les MLP.

"Face aux départs +sauvages+ d'une messagerie à l'autre, une mise entre parenthèse a été décidée afin de permettre à Presstalis de mettre en place son plan de réforme", a récemment déclaré Jean-Pierre Roger, président du CSMP.

Les MLP dénoncent des propos "totalement faux et mensongers", demandant au président du CSMP de rectifier ses déclarations et indiquant que ces retraits d'éditeurs sont intervenus bien avant l'annonce du plan de redressement de Presstalis et non après. Presstalis n'a pas souhaité commenter.

"Violation flagrante et choquante"

Du coup, les Messageries Lyonnaises ont saisi l'Autorité de régulation de distribution de la presse (ARDP), lui demandant solennellement de se prononcer "explicitement" sur les résolutions du CSMP, accusant au passage Presstalis "d'intimider les éditeurs" qui ont annoncé leur départ.

Empêcher les éditeurs de changer de fournisseurs pour leur distribution constitue aux yeux de MLP "une violation flagrante et choquante" des statuts des coopératives et du Code de commerce.

Enfin, visant directement Presstalis, MLP estime que "la distribution des quotidiens est prise en otage dans une stratégie de préservation d'intérêt particulier".

Du coup, MLP propose de distribuer aussi les quotidien nationaux, jusqu'alors prérogative quasi-exclusive de Presstalis.

"MLP est en mesure d'étudier les conditions de distribution des quotidiens nationaux d'information politique et générale, dans le cadre d'un schéma global dont les contours seraient définis avec l'ensemble des éditeurs concernés", ont écrit les dirigeants des MLP dans une lettre adressée au Premier ministre.

"Un nouveau modèle de distribution des quotidiens peut être mis en place", selon les MLP qui soulignent ne demander "à cette fin aucune nouvelle subvention de l'Etat".

MLP assure en France quelque 25% du chiffre d'affaires de la distribution des journaux et magazines.

La distribution de la presse en France a longtemps été régie par une loi de 1947 permettant à tous les titres une rigoureuse égalité de traitement. Le fonctionnement coopératif des messageries a été réformé en 2011, instituant notamment l'Autorité de régulation de la distribution de la presse (ARDP). Cette nouvelle instance devra donc très prochainement trancher les litiges opposant Presstalis aux MLP.

 

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Vos réactions

Portrait de La-mire
La-mire (non vérifié)
3/janvier/2012 - 16h37

A force de tirer sur la corde ..elle casse..!

Portrait de RASCAL56
RASCAL56 (non vérifié)
3/janvier/2012 - 14h50

Encore un fief de la CGT qui va s’effondrer !

Portrait de GuyHawke
3/janvier/2012 - 10h41

cela va mal pour Presstalis,anciennement NMPP,beaucoup de gens ont la "proposition" de partir à la retraire avant l'heure.