24/10/2011 12:07

Procès Jackson: la parole à la défense et une bataille d'experts en perspective

Le procès du Dr Conrad Murray, jugé pour la mort de Michael Jackson, entre lundi dans sa cinquième semaine avec les premiers témoins de la défense et la promesse d'une belle bataille d'experts, après un mois de débats impitoyables pour le médecin de la star.

De l'image du cadavre du "roi de la pop" sur la table d'autopsie à la voix méconnaissable de la star assommée par les médicaments, les quatre semaines écoulées depuis l'ouverture du procès, le 27 septembre au tribunal supérieur de Los Angeles, ont été riches en émotions fortes.

Mais si les débats ont levé le voile sur l'état d'esprit du chanteur peu avant sa mort -- une ambition intacte mais une inquiétude immense et une insomnie chronique à l'idée de ne pas être prêt pour ses concerts à Londres --, les circonstances exactes de sa mort, le 25 juin 2009, restent encore floues.

Le procureur David Walgren a maintenu fermement sa ligne d'accusation, selon laquelle le Dr Murray, poursuivi pour homicide involontaire, a "abandonné son patient" et fait preuve de "graves négligences", malgré un salaire mensuel de 150.000 dollars.

De la trentaine de témoins appelés à la barre, les attaques les plus vives sont venues du corps médical, qui a répété à l'envi la longue liste des fautes professionnelles du Dr Murray, globalement dépeint comme un incompétent.

Selon l'autopsie, Michael Jackson est décédé d'une "grave intoxication" au propofol, un puissant anesthésiant qu'il utilisait comme somnifère. Le Dr Murray a reconnu en avoir administré 25 ml au chanteur le matin de sa mort.

Nader Kamangar, spécialiste des troubles du sommeil, a souligné l'aberration d'un traitement de l'insomnie par le propofol, et le cardiologue Alon Steinberg a jugé "inutile" et "inexcusable" le massage cardiaque opéré sur le chanteur, dont la respiration s'était arrêtée, mais pas le coeur.

Et tous ont considéré comme une faute impardonnable le fait de ne pas avoir appelé immédiatement les urgences.

L'estocade est venue du Dr Steven Shafer, un spécialiste mondialement reconnu du propofol, qui a nié au Dr Murray sa qualité de médecin, le ravalant au rang d'"employé" obéissant, cédant à tous les désirs de son patient. Il a aussi affirmé que le praticien avait administré beaucoup plus de sédatifs au chanteur que ce qu'il avait reconnu devant les policiers.

Outre l'attaque en règle du Dr Murray, les experts et médecins-légistes réunis par l'accusation ont également mis à mal la thèse de la défense, selon laquelle le chanteur se serait auto-administré des doses supplémentaires -- et mortelles -- de sédatifs, quand le Dr Murray avait le dos tourné.

"Scénario fantaisiste", hypothèse "peu probable"... le Dr Shafer a été catégorique: "On ne peut tout simplement pas se réveiller d'une anesthésie et être capable de se faire une auto-injection", a-t-il dit.

Les avocats du Dr Murray, déstabilisés, ont d'ailleurs annoncé à la surprise générale -- et au grand déplaisir du procureur Walgren, qui a déploré une défense "constamment changeante" -- qu'ils abandonnaient la thèse longtemps défendue de l'ingestion de propofol par la star. Ils maintiennent cependant celle de l'auto-injection par intraveineuse.

Avec l'entrée en scène des témoins de la défense, on devrait maintenant assister à une bagarre d'experts autour du propofol. Elle est en germes: pendant son témoignage-fleuve, le Dr Shafer a ouvertement critiqué les travaux sur le propofol de son ancien professeur, le Dr Paul White, l'un des futurs témoins de la défense.

Interrogé jeudi par un média, le Dr White, autorisé par le juge Michael Pastor à assister aux débats, a qualifié le Dr Shafer de "minable". Le juge Pastor a informé le praticien qu'il envisageait des sanctions.

La défense a précisé qu'elle pensait avoir bouclé l'interrogatoire de sa quinzaine de témoins à la fin de la semaine.

En cas de condamnation, le Dr Murray risque une peine allant jusqu'à quatre ans de prison.

Ça peut vous interesser

Ailleurs sur le web

Vos réactions