TF1 renoue avec la satire politique avec "Après le 20H, c'est Canteloup !"

 Par Sophie LAUBIE

Seize ans après la fin du "Bébête Show", TF1 renoue avec la satire politique en cette année de campagne électorale en lançant lundi "Après le 20H, c'est Canteloup !", nouveau divertissement de l'imitateur vedette multi-médias Nicolas Canteloup.

Diffusée à 20H35 du lundi au vendredi, juste après le journal télévisé, cette émission de cinq minutes commentera l'actualité sur un mode humoristique, en mêlant images détournées et parodies. Créé par l'imitateur et ses auteurs, ce divertissement se présentera sous forme d'un tête-à-tête avec l'animateur Nikos Aliagas, ancien présentateur de la Star Academy sur TF1, actuellement chargé d'une interview de personnalités artistiques sur Europe 1.

Nicolas Canteloup, qui intervient aussi le matin sur Europe 1 et prête sa voix aux "Guignols de l'Info" sur Canal+, en plus de la tournée de son spectacle "Nicolas Canteloup ne s'arrête jamais", ajoute une corde de plus à son arc. Pour TF1, c'est "le retour de l'impertinence" et d'un "type d'émissions créé avec le +Bébête Show+", souligne-t-on sur la chaîne.

Apparu en 1983, puis devenu une émission à part entière à partir de 1988, le "Bébête Show" de Jean Amadou, Stéphane Collaro et Jean Roucas a disparu en 1995. L'émission, qui utilisait des marionnettes, avait notamment été fortement concurrencée par "Les Guignols de l'Info", apparus en 1988.

"Aspérité dans la grille" Avec "Après le 20H, c'est Canteloup !", TF1 veut revenir au créneau, en surfant sur le contexte politique fort, à quelques mois de l'élection présidentielle. "En cette année où l'actualité va être exceptionnellement riche, scrutée, décortiquée, ça nous paraissait particulièrement intéressant de créer cette aspérité dans la grille de programmes", souligne la chaîne.

Parmi les sujets abordés, la politique devrait "vraiment prendre une place importante", a indiqué le producteur de l'humoriste, Jean-Marc Dumontet. Comme il le fait à la radio, Nicolas Canteloup rebondira sur l'actualité et brocardera les présentateurs de la chaîne, en utilisant toute sa palette de voix. Mais l'écriture sera différente de celle de la radio, car "on va partir des images", promet son producteur. Pour Jean-Marc Dumontet, l'émission sera aussi très différente des "Guignols de l'Info", diffusé tous les jours à 19H55, pendant 8 minutes environ.

"Les Guignols partent de marionnettes, nous notre élément central, c'est Nicolas Canteloup", souligne-t-il, ajoutant que l'écriture sera aussi "plus rapide". Pour l'historien des médias et de la culture Christian Delporte, "dans le cas des Guignols, on est dans la tradition de la caricature, tandis qu'avec Canteloup, on est plutôt dans celle des chansonniers". Mais quelle que soit la forme de l'émission, "on s'aperçoit que brocarder les hommes politiques est très bon en termes d'audience", souligne-t-il. "La campagne électorale est toujours un grand moment pour la satire politique. Ca a été le cas pour le +Bébête Show+ en 1988 et pour +Les Guignols+ en 1995", ajoute l'historien.

Quant à Nicolas Canteloup, il est aussi généralement une bonne garantie pour l'audience: en avril 2008, une émission spéciale consacrée à l'imitateur sur France 2 avait rassemblé 5,8 millions de téléspectateurs, soit 27,5% de parts d'audience, un très bon score.

"La dérision politique s'est instituée comme un genre dominant", souligne la spécialiste de communication politique et des médias Marlène Coulomb-Gully. Selon elle, "c'est intéressant de voir comment ça va fonctionner" sur TF1, "avec un public très vaste, familial". "Ce n'est pas facile de faire rire beaucoup de gens aux profils très divers".